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corde fixée au bout d’un bâton, à peu près comme on
fait d’une pierre avec la fronde.
Les casse-têtes sont en jade, basalte, os de baleine,
ou simplement en bois d u r, suivant les moyens de
l’individu '. Ces armes ont la figure d’un ovale de
dix-buit ou vingt pouces de long sur quatre ou cinq
de large; elles sont plus épaisses dans le milieu et
trancbantes sur les bords ; leur manche est percé d’un
trou pour recevoir un cordon qui sert à les suspendre
au poignet. Les Zélandais s’en servent quand ils
en viennent aux mains daps le combat 2, surtout pour
assommer les esclaves qu’ils veulent sacrifier. Cet
instrument porte spécialement le nom de mere, et l’on
peut dire que c’est vraiment l’arme nationale du Nouveau
Zélandais , car un bomme de distinction ne marche
presque jamais sans son mere 3.
Les haches d’armes ont ordinairement cinq pieds
de long ; elles sont en bois d u r, et terminées à une
extrémité par une sorte de quart de cercle de huit
pouces de rayon et tranchant sur les bords, tandis
que l’autre bout se termine en pointe. Ainsi, cette
arme peut servir tour à tour de hache et de pique.
C’est avec celle-là q u e, dans le combat, les naturels
coupent la tète de leurs ennemis 4. Quelques-unes sont
terminées simplement par une masse plus ou moins
épaisse, arrondie, anguleuse, on contournée en forme
I Cook, d ü r v . , III, p. 68. — 2 Savage, p. 66. Nicholas, d Ü r v ., III,
p. 5 8 6. liulheiford, dÜ rv ., III, p. 732. — 3 Cook, prem. V o y ., III, p. 28S.
Blosseville, d’U rv ,, I II, p. 694. — 4 Anderson, d’ü r v . , I I I , p. 24.
Savage, p. 66.
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de bec ou de crochet. Toutes portent indistinctement
le nom de patou.
Souvent aussi les chefs portent une espèce de hallebarde
de cinq ou six pieds de long, un peu aplatie
par un b o u t, et terminée de l’autre en façon de fer de
lance aplati, travaillé avec art et enrichi de touffes de
plumes de perroquet '. Quelques-uns portent encore
de longues côtes de baleine artistement ciselées sur
les bords, parfaitement polies, et dont l’aspect rappelle
celui d’un long sceptre 2. Nicholas nomme le
pi'emier de ces instrumens heni 3, et Rangui de Shouraki
m’a dit que le sceptre en os de baleine prenait le
nom de patou-waïroa. Il m’a semblé que ces deux
armes servaient en même temps de moyens d’attaque
et d’insignes de commandement pour ceux qui les
possédaient.
Tous ces instrumens étaient parfaitement exécutés;
ils avaient un poli admirable et souvent étaient enrichis
de bas-reliefs très-artistement travaillés. Ces ouvrages
faisaient d’autant plus d’honneur à l’industrie
des naturels qu’ils n’avaient autre chose pour les exécuter
que des outils en pierre ou en coquilles 4. Ceux
qu’ils estimaient le plus étaient en ja d e , et l’on ne
peut qu’admirer l’adresse des sauvages pour donner
promptement le tranchant à ces outils et même y pratiquer
des trous pour y passer des cordons. Nous
I Cook, prem. V o y ., I I I , p. 128. — 2 Cook, prem. V o y ., III, p. 14 6 ,
288. D’Urville, I I , p. 1 7 1 , — 3 Nicholas, I , p. 193. — 4 Cook, prem.
V o y ., I I I , p. 285. Savage, p. 70. Nicholas, d Ü r v . , l ï l , p. 587.
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