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 7827. 
 Mars. 
 s’était soulevée  à  une  hauteur inconnue jusqu’alors,  
 et qu’après avoir submergé une partie de ces ateliers,  
 elle  était  parvenue jusqu’à  la  porte  des maisons,  au  
 grand  étonnement  des  naturels.  En  recherchant ensemble  
 la  date  de  ce  phénomène,  nous  reconnûmes  
 qu’elle  répondait  précisément  au jour  de  l’ouragan  
 mémorable  qui,  un  mois  auparavant,  dans  la  baie  
 d’Abondance  nous  avait mis  à  deux  doigts  de  notre  
 perte.  Ainsi  ce coup de vent sortait  des circonstances  
 habituelles, même pour  ces  parages où ils  sont  d’ordinaire  
 si  furieux.  Cette  observation  suffira pour  en  
 donner  une  idée  à  ceux  qui  ont  fréquenté  les  cotes  
 de la Nouvelle-Zélande. 
 Les missionnaires  me  promirent  de  se  charger  de  
 mon  courrier  pour  l’Europe ,  et de l’expédier  par un  
 navire baleinier qu’ils attendaient sous deux mois et qui  
 devait se rendre directement en Angleterre. Après les  
 avoir remerciés, je pris congé d’eu x ,  vers  six heures  
 du soir,  et cette fois,  favorisés par le v en t, le courant  
 et une belle mer, nous fûmes rapidement ramenés vers  
 notre corvette. 
 L’héritier de Pomare coucha à bord, ainsi que plusieurs  
 femmes de ses esclaves qui trafiquèrent de leurs  
 charmes  avec  les  Français  galans  de  l’Astrolabe.  
 Comme nous l’avions déjà remarqué sur  la  Coquille,  
 ces malheureuses rapportaient en général à leur patron  
 le produit de leurs faveurs,  et ne gardaient pour elles'  
 que  le biscuit ou les vivres  qu’elles  pouvaient se  procurer  
 par-dessus  le marché.  Ce  commerce dura pendant  
 tout  notre séjour  à  Paroa.  Malgré  les  inconvéniens  
 et le dégoût  qu’il entraîne  à  certains  égards, je  
 ne  crus  point  devoir m’y  opposer  ouvertement,  tant  
 pour  laisser goûter  un moment  à nos  marins  l’oubli  
 de leurs maux passés  et  de leurs  longues privations,  
 que pour conserver en ma puissance une utile garantie  
 contre  les  complots  des  naturels. 
 J ’avais toujours eu envie de me procurer une de ces  
 fameuses  têtes  [moko mokaï),  préparées  par  le procédé  
 particulier aux peuples de ces contrées, dans l’intention  
 de l’offrir au musée de Caen, déjà si riche sous  
 plusieurs rapports, grâce au goût éclairé et à l’émulation  
 de mes  honorables  compatriotes.  Cette occasion  
 ne s’était présentée qu’une seule fois ,  et l’on a vu que  
 M. Bertrand m’avaitalors prévenu. D’ailleursje n’osais  
 m’en ouvrir  le  premier  avec  les chefs  que je rencontrais  
 ,  dans  la  crainte  que  la  cupidité  ne  les  portât à  
 sacrifier  sans  pitié  quelqu’un  de  leurs  esclaves pour  
 préparer sur-le-champ sa tête et me l’apporter;  ce qui  
 est arrivé plus d’une fois. Wetoï vint me montrer avec  
 mystère une de ces têtes, qu’à son tatouage compliqué  
 je jugeai avoir  appartenu  à un  personnage  distingué.  
 A cela près d’une  forte déchirure  sur la joue gauche,  
 occasionée par une blessure,  elle se  trouvait  alors en  
 bon  état,  et je  témoignai  à Wetoï le  désir  d’en  devenir  
 possesseur.  Long-temps  il  exigea  en  échange  
 un mousquet queje  ne  pouvais  lui  donner. Enfin,  la  
 vue d’une robe bien chamarrée, qui excita vivement les  
 désirs de sa femme présente à notre marché, et l’affection  
 sincère que Wetoï semblait lui porter, le déterminèrent, 
  et la tête en question resta en mon pouvoir. 
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