M. Cruise vit k Kawera-Popo >, et sans doute aussi
|)our le corps que Koro-Koro montra k ce voyageur 2.
Probablement cela ne se pratique que pour les corps
qui ont été préparés après la mort, et dont on ne
craint point la putréfaction ; tandis que, pour les autres
, on attend que la chair puisse se détacher des
os par un séjour suffisant dans la tombe.
Non-seulement les restes des morts sont essentiellement
taboués, mais en outre les objets et les personnes
employés dans les cérémonies funéraires sont
assujettis au tapou le plus rigoureux 3. Avant de
l’entrer dans le commerce habituel de leurs compatriotes,
ils ont à subir des purifications particulières
dont la nature et les détails nous sont encore inconnus.
La cérémonie de relever les os des morts joue le
plus grand rôle chez ces sauvages. Les parens n ’ont
acquitté leurs devoirs envers leurs enfans, les enfans
envers leurs parens, et les époux entre eux , qu’après
avoir accompli cette indispensable opération '. D’après
l’idée que j ’ai pu m’en former, l’enterrement ne
serait qu’un état provisoire pour donner au corps le
temps de se dépouiller de sa partie corruptible et impure;
pour le défunt, l’état de repos définitif n’aurait
lieu que du moment où ses os seraient déposés dans
le sépulcre de ses ancêtres. Ces naturels bravent les
périls les plus grands, les fatigues les plus pénibles
pour rendre ces devoirs à une personne qui leur est
chère, quelle que soit la distance où elle aura p é ri,
pourvu seulement qu’ils aient l’espoir de réussir. Les
jiarens ont toujours eu soin de réclamer les os de leurs
enfans qui sont morts pendant leur séjour à Porl-
Jackson 2, et la possession de ces dépouilles chéries
apaise considérablement leurs regrets.
C’est faire un outrage sanglant k une famille, à une
trib u , que de violer la tombe et de profaner les restes
d’un de ses membres. Le sang seul peut payer une
pareille insulte, et l’on connaît la vengeance terrible
que Shongui exerça sur les habitans de Wangaroa,
qui s’étaient permis de violer la tombe de son beau-
père 3.
■ Les cadavres des bommes du peuple sont enterrés
I M a rsd e n , d Ü r v . , IIF, p. 2 8 9 . — 2 M a rsd e n , d Ü r v . , I I I , p . 4 0 7 . — ■
3 M a rsd e n , d’Urv., III, p. 28O, 29 4, 3 5 5 , 356.
TOME u . 3 y