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Le cap Campbell est formé par des terres d’une hauteur
modérée qui se terminent en pointe basse. Un
peu plus avant dans l’intérieur s’élève un piton couronné
de neige, qui est une excellente reconnaissance
pour l’entrée du détroit avec des vents de sud.
La côte en dehors fuit au S. O. et paraît très-élevée.
Durant la station, nous n’eûmes point de fond à cent
brasses.
A six heures trente-cinq minutes, nous fîmes servir
et portâmes sur la côte du nord. A mon grand regi'et,
le vent ne nous permettait point de gagner un grand
enfoncement entre le cap Poli-Wero et.le cap Toura-
Kira, où se trouvent des îles rapprochées de terre qui
doivent offrir d’excellens mouillages. Je me contentai
donc de me diriger vers la vaste baie comprise entre
les caps Toura-Kira et Kawa-Kawa. A midi nous n’étions
plus qu’à deux milles du premier, et de là, la baie
dont nous ne découvrions pas encore le fond nous
présentait l’aspect le plus séduisant. Point de roches,
point de dangers apparens ; des côtes saines et élevées,
accompagnées, au bord de la mer, d’une lisière de
terrain uniforme, nous promettaient quelque bon
mouillage.
Pleins de confiance, nous nous avancions sur une
mer très-calme, avec un temps délicieux et une douce
brise de N. O . , quand à midi un quart une pirogue
que nous observions depuis quelque temps le long de
la côte, approcha du bord. Sur mon offre, les naturels
qui la montaient, au nombre de six, accostèrent
la corvette avec hardiesse. Ils n’avaient avec eux ni
armes, ni objets d’échange, et leur chef, s’étant avancé
droit à moi, s’informa sur-le-champ s’il y avait des Zé-
landais à bord. Tangata maodi k i le kaipoake. Sur
ma réponse négative, il me demanda la permission
d’y rester lui-même, ce que je lui accordai sans peine,
pensant que ce serait seulement pour quelques momens,
pour la journée au plus. Puis je m’occupai
de la manoeuvre sans faire plus d’attention à ces
sauvages.
Une heure après environ, je fus bien surpris de voir
la pirogue partir avec quatre hommes seulement,
tandis que les deux autres restaient à bord. Le chef
était un de ceux-ci; et comme je lui montrais sa pirogue
qui s’éloignait, il m’expliqua qu’elle allait chez lui
chercher des provisions, qu’elle reviendrait le lendemain,
et qu’en attendant il voulait demeurer avec nous.
Lui ayant objecté que nous pourrions quitter la baie
sans donner aux siens le temps de revenir, il parut
décidé à me suivre partout où je voudrais le conduire.
Alors les officiers qui avaient observé le départ de la
pirogue, m’apprirent que ses compagnons, après avoir
quelque temps conféré avec lu i, avaient pris congé de
leur chef les larmes aux yeux, et par le grand salut
d’étiquette, l’attouchement du nez (shongui). Lui-
même n’avait pu s’empêcher de laisser échapper quelques
larmes, et je lui en fis la remarque : il s’essuya
sur-le-champ les yeux, et, s’efforçant de prendre un air
riant, il me dit que ce n’était rien , et qu’il était très-
content. Ce n a ture l, qui me parut âgé de trente à
trente-deux ans, était un bel homme, et ne manquait
1827.
Janvier.
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