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p a r une ligne légèrement oblique à la direction de l’équatcur
en flécbissant vers le sud dans l’e st, enfin de la Polynésie p a r
une ligne flexueuse q u i , p a rta n t de la partie orientale de
S a n ta -C ru z , s’avancerait jusq u ’à l’est dos îles V iti et se d irig
erait ensuite au sud-ouest entre la Nouvelle-Hollande et la
Nouvelle-Zélande.
L’île de Van-Diémen ou Tasmanie sera l’extrémité méridionale
de la Mélanésie ; Tîle immense de la Nouvclle-Hol -
lande, q u ’à l’exemple des Anglais nous appellerons le plus souv
en t A u s tr a lie , en est la partie la plus im p o rta n te , p u isq u ’à
elle seule elle p o u rra it constituer un co ntinent. La Nouvelle-
Guinée et les îles q u i s’y ratta ch en t en forment encore une
p o rtio n considérable; on doit enfin y comprendre les îles de
la Louisiade, de la Nouvelle-Bretagne, de la iSouvclle-Irlande,
l’archipel de S a lom o n , celui de Santa-Cruz ou N iten d i, les
Nouvelles-Hébrides, les îles Loyalty, la Nouvelle-Calédonie,
enfin l’archipel Viti.
Toute s les nations qui h ab iten t cette grande division de
l’Océanie sont des bommes d’une couleur n o irâ tre plus ou
moins foncée, à cheveux frisés ou c ré p u s, ou quelquefois
presque la in e u x , avec un nez é p a té , une grande b o u c h e ,
des traits désagréables et des membres souvent grêles et ra re ment
bien conformés. Les femmes sont encore plus hideuses
que les hommes, su rto u t celles qui o n t n o u r r i , c a r leu r gorge
devient aussitôt flasque et p e n d a n te , et elles p e rd en t su r - J e -
cbamp le peu de fraîcheur qu’elles devaient à leu r jeunesse.
Les idiomes très-borné s varient à l’infini et quelquefois dans la
même île. Ces noirs sont presque toujours réunis en peuplades
très-faibles do n t le chef jo u it souvent d’une au to rité a rb itra ir e ,
et q u ’il exerce parfois d’une manière aussi ty ran n iq u e que la
p lu p a rt des petits despotes africains. Bien plus reculés vers
l’élat de b arbarie que les Polynésiens et les Mic ronésiens, on
ne trouve chez eux ni forme de gouve rn emen t, ni lo is , ni cérémonies
religieuses régulièrement établies. Toutes leurs institutions
paraissent être encore dans l’enfance ; leurs disposi-
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lions et leur intelligence sont aussi généralement bien inférieures
à celles de la race cuivrée.
Il e,st vrai que plusieurs de ces peuples sont encore trè s-
imparfaitement connus. Ennemis naturels des b la n c s , ils ont
toujours montré une défiance opiniâtre et une antipathie p ro noncée
contre les E u ro p é en s ; ceux-ci ont presque toujours eu
lieu de se repentir de leurs communications avec ces hôtes
perfides. Aussi ni Cook, ni Bouga inville, ni aucun des nav igateurs
qui leu r ont succédé n’o n t eu avec les Mélanésiens
ces relations de bonne amitié q u ’ils se plaisaient à entre ten ir
et à mu ltiplie r avec les peuples plus hospitaliers de la P o lynésie.
Ju sq u ’au jo u rd ’hui nous devons nous en ten ir aux documens
que nous ont transmis Mendana su r les îles S an ta -C ru z et
Salomon ; Carteret su r Santa-Cruz ; Cook sur M a llico lo , E r -
romango et T an n a ; L abillardlère sur la Nouvelle-Calédonie
e t les Papous de W a ig io u ; MM. Freycinet et Duperrey sur
ces mêmes P apous et sur ceux de D o re i; M. Dillon sur les
babitans de V i t i , de Vanikoro et de Nitendi ; enfin les navigateurs
de l ’A strolabe sur les noirs de V iti, V an ik o ro , de la
Nouvelle-Irlande et de Dorei. Les insulaires de l’Australie et
de la Tasmanie ont été décrits d’une manière assez exacte,
et il est résulté de ces descriptions que ces hommes sont p ro bablement
les êtres les plus bornés, les plus stupides et les plus
essentiellement rapprochés de la brute.
Nous pensons q n e , parmi les nombreuses variétés de la race
m é lanésienne, celle qui doit occuper le p remier rang est celle
qui habite les îles Viti. E n effet , malgré leu r férocité et leur
pen ch an t au c annibalisme , ces naturels ont des lo is , des arts,
e t forment quelquefois u n corps de nation. On trouve parmi
eux de trè.s-beaux hommes ; leu r langue est plus r ic h e , plus
sonore et plus régulière que dans les îles de l’O u e s t, et leu r
habileté dans la navigation ne le cède pas à celle des bommes
de l’au tre race. Dans ce nombre, nous avons trouvé des in d ividus
doués d’une dose d’intelligence et de jugement fort re