Du côté où se trouve la porte , le toit se prolonge
en deliors de la paroi de trois ou quatre pieds de longueur,
de manière à former une espèce d’appentis ou
d’auvent, où se tiennent habituellement les maîtres
de la maison; c’est aussi là qu’ils prennent leurs repas,
car un préjugé religieux leur défend de manger dans
l'intérieur de leurs maisons ■.
Les maisons des chefs sont ordinairement ornées
de figures sculptées, tant au dehors qu’au dedans ;
souvent une de ces grotesques figures est placée près
de la porte , et semblerait en être le dieu lare ou pé-
na te, s’il n’était à peu près reconnu que les habitans
ne rendent à ces statues aucun culte, et n’ont même
pour elles aucuhe sorte de vénération particulière.
Seul, Rutherford a prétendu que ces effigies sont placées
à la porte des chefs pour en interdire l’entrée aux
esclaves, ou hommes du peuple, qui seraient punis
de mort en cas d’infraction à cette règle 2. Quelquefois
les châssis des portes et des fenêtres sont formés
de planches épaisses artistement travaillées en bas-
reliefs 3. Les maisons du fils et du neveu de Pomare,
à Mata-Ouwi, offraient un exemple remarquable de
ce genre de luxe.
Le plancher de la maison est formé par de la terre
rapportée bien battue, et rehaussée de dix ou douze
pouces au-dessus du sol environnant 4 ; un petit carré
I Cook, p r e m . V o y . , I I I , p , 277. N ich o la s , d Ü r v . , I I I , p . 5 9 6 . —
2 I lu lloe r fo r d , d Ü r v . , I I I , p . 7 , 3 8 . — 3 N ich o la s , I , p . 1 1 o . — 4 C ro ze t,
d ’ U r v . , I I I , p . 58.
c reu x , quelquefois environné de pierres, indique la
place du foyer, et la fumée n’a d’autre issue que la fenêtre
, ou la porte quand la fenêtre manque. Aussi ces
cases sont-elles toujours fort enfumées à l’intérieur,
et l’habitude qu’ont les naturels de vivre dans cette
atmosphère doit beaucoup contribuer à rembrunir
leur teint.
Un simple tas de feuilles de fougères ou de typha
leur sert de lit ; quelquefois ces feuilles sont arrêtées
dans une espèce de cadre en planches bien assemblées,
d’environ six pieds de longueur sur deux de large ;
leurs nattes leur servent de couverture '. D’ailleurs
ces cases sont si chaudes par elles-mêmes, qu’en hiver,
et par le plus grand froid, le moindre feu suffit
pour en élever singulièrement la température.