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leurs infirmités de conduire la tribu aux combats.
De tout temps les peuples de Kidi-Kidi s’étaient
montrés jaloux de l’influence que ceux de Paroa
avaient acquise sous la sage conduite de Koro-Koro,
et souvent ils avaient médité leur perte. Après la
mort de Touaï, ne voyant aucun chef capable de maintenir
le rang de leurs rivaux , ils n’eurent garde de
laisser échapper une aussi belle occasion de consommer
leur ruine. Les napouïs, les rangatiras les plus
opulens et les plus influens de Kidi-Kidi, demandèrent
à Shongui la permission d’accomplir ce projet, et elle
leurfutaccordée. Ils marchèrent sur Kahou-Wera avec
les guerriers de WaLMate, et la résis tance ne fut ni longue
ni opiniâtre. Il y eut à peine deux ou trois individus
tués, et, cédant a la loi du plus fort, le reste des
habitans de Paroa fut dispersé parmi les tribus voisines.
Cest ainsi que ce pâ, si florissant sous les lois de
Koro-Koro et dont la position semblait inexpugnable,
est devenu tout-à-coup un désert et n’a laissé aux
lieux qu’il occupait qu’un amas confus de cases à demi
détruites.
Shongui a été très-grièvement blessé à la poitrine,
à la gorge et au bras, par plusieurs coups de feu qu’il
a reçus dans ses combats contre les naturels de Wangaroa.
Il a définitivement exterminé cette tribu ; le terrain
quelle occupait est devenu sa conquête, et c’est
là quil attend aujourd’hui la guérison de ses blessures.
Quand bien même i! en réchapperait, ce qui est fort
douteux, il n’y a nulle apparence qu’il puisse jamais
prendre part à de nouveaux combats.
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Les naturels de Wangaroa se distinguaient par des
dispositions féroces et turbulentes, et avaient déployé
de tout temps une grande animosité contre les Européens.
C’est par eux que fut détruit, en 1809, l’équipage
entier du Boyd; ils s’étaient emparés, il y a
moins de deux ans, d’un petit schooner [le Mercury),
dont les marins se sauvèrent dans un canot à la baie
des Iles. Enfin, si l’on doit en croire les traditions
aujourd’hui accréditées dans le pays, eux seuls furent
les auteurs de la funeste catastrophe qui causa la fin
déplorable de Marion et de ses compagnons en 1772.
Les missionnaires de Wangaroa, abandonnant leur
établissement, s’en étaient retournés à Port-Jackson.
Ceux de Kidi-Kidi et de Pahia avaient aussi expédié
vers ce port leurs effets les plus précieux, et s’attendaient
de jour en jour à être contraints de quitter leur
résidence, et de chercher leur salut dans une prompte
retraite. En effet, les sauvages s’étaient promis dé les
dépouiller complètement de leurs propriétés, si Shongui
venait à périr de ses blessures ; en pareille circonstance
, l’existence même de ces Européens eût pu se
trouver sérieusement compromise. Maintenant ils placent
toute leur confiance dans le petit schooner qu’ils
ont construit et équipé à la baie des Ile s, et qui, dans
un danger imprévu, leur offrirait sur-le-champ un refuge
assuré.
Tekoke, chef suprême de Pahia et père de Rangui-
Touke, que j’avais vu à W angari, venait de partir avec
tout son monde pour rejoindre son fils. Presque tous
les guerriers de la baie des Ile s , au nombre de deux
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