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 1827. 
 Février. 
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 bord ,  malgré  des  brisans  qui nous cernaient de près  
 dans  le  su d ,  quand  le  jet  suivant  nous  donna  six  
 brasses,  puis  le  fond  augmenta  successivement jusqu’à  
 huit brasses.  Cependant,  à  six heures  et demie,  
 je  me voyais  entouré  de  terres  de  toutes  parts  et le  
 canal  s’était  beaucoup  resserré.  Craignant  de  tomber  
 dans  un  lieu  moins  favorable  pour  mouiller,  et  ne  
 voulant pas aller plus loin, je laissai tomber l’ancre de  
 tribord par huit brasses,  fond  de vase.  Vingt brasses  
 de chaîne à  la mer suffirent pour nous mettre à l’abri  
 de toute inquiétude.  La nuit fut très-douce,  et je pus  
 enfin goûter un repos parfait *. 
 Dès  cinq  heures  du  matin,  impatient  de  poursuivre  
 nos découvertes,  avec une petite  fraîcheur de  
 S.  O.  accompagnée d’un temps  charmant,  je remis à  
 la voile pour avancer dans le canal où nous avions pénétré. 
   Mais le vent,  après avoir varié au  S.  et S. E.,  
 tomba  tout-à-fait  à  sept  heures  et  demie,  et  nous  
 laissa en calme plat. Au même instant,  trois pirogues  
 que nous observions depuis long-temps ,  et qui étaient  
 parties de la plage du su d ,  arrivèrent le long du bord.  
 Bientôt j’appris  qu’elles  appartenaient à Rangui,  chef  
 puissant de cette côte ;  lui-même, revêtu d’une tunique  
 écossaise,  se trouvait dans la plus  grande  de  ces  embarcations. 
   Sur mon invitation il monta à bord sur-le-  
 champ  et  sans  défiance ,  s’avança vers  moi  d’un pas  
 grave  et  assuré,  et  me  proposa  le  salut  d’étiquette  
 [skongai).  .l’exigeai  que tous  ses  guerriers restassent 
 Voyez  noie  r 5. 
 dans  leurs  pirogues,  et  ne  permis  qu’à lui  et  à  son  
 frère et compagnon d’armes,  Tawiti, de monter sur la  
 corvette,  ce  qui  ne  parut  lui  causer  aucune  répugnance. 
 Te Rangui,  dont la  taille atteignait  cinq pieds neuf  
 pouces, était un fort bel homme dans toute l’étendue du  
 mot ; sa démarche était noble et imposante, et les traits  
 de  son  visage,  quoique  ornés  déjà  de  sillons  nombreux, 
   marques  de  son  rang,  respiraient  un  air  de  
 calme,  de confiance et de dignité remarquables. Nous  
 ne tardâmes pas  à être ensemble le mieux du monde,  
 et dans le cours  de la longue conversation qui eut lieu  
 entre  lui  et moi,  voici  les  principaux  renseignemens  
 que je pus saisir.  ^ 
 Les naturels de Shouraki se trouvent  engagés dans  
 des guerres continuelles avec les peuples du nord, qui  
 viennent chaque année ravager leur territoire. ■— Les  
 armes à feu donnent un immense avantage à ceux-ci,  
 et Rangui témoignait le plus vif désir d’en obtenir pour  
 sa tribu. — Un  an  s’était  à peine écoulé depuis qu’il  
 avait  combattu  à  coups  de  fusil  contre le  redoutable  
 Pomare. — Après avoir échangé plusieurs balles,  Pomare  
 avait enfin succombé ;  comme de coutume,  son  
 corps avait été dévoré sur le champ  de  bataille ,  et sa  
 tête  préparée  en 7nolw-vwkaï était  conservée dans  le  
 pâ de Wai-Kato,  principale forteresse  de  la ligue  des  
 peuples de la baie Shouraki. — Je pouvais en devenir  
 maître pour quelques livres de poudre ;  il  ne s’agissait  
 que d’attendre quatre ou cinq jours,  temps rigoureusement  
 nécessaire pour envoyer un messagei' chercher 
 1827. 
 Février. 
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