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 et probablement de ceux qui, par des malheurs arrivés  
 à leur  famille,  ou par suite  de condamnations  encourues, 
   sont obligés de  se mettre au  service  d’un  autre  
 afin de pouvoir exister. 
 Les  chefs  principaux,  rangatira-rahi  ou  ranga-  
 tira-7iouï,  m’ont toujours paru indépendans,  chacun  
 dans leur trib u ,  et  la  diriger  à  leur  gré  sans  reconnaître  
 d’autorité  supérieure  à la leur.  Il peut arriver  
 sans  doute  qu’un chef soit  influencé,  même  dominé  
 dans  sa conduite et  dans  ses actions par  un  chef plus  
 puissant ou plus énergique, mais  c’est une  simple  affaire  
 de circonstance  et  non  pas  de droit.  La  même  
 chose  a  lieu  en Europe  quand le chef d’un petit Etat  
 est contraint de  subordonner  sa  volonté à  celle d’un  
 monarque plus puissant. 
 M. Nicholas  avait cru  découvrir que tous les chefs  
 de  la partie nord d’Ika-Na-Mawi reconnaissaient trois  
 chefs supérieurs  qui portaient  le titre  àüariki ' : mais  
 ce  titre  ne  s’accorde  en  général  à  la  baie  des  Iles  
 qu’aux prêtres,  et n’entraîne aucune idée de pouvoir.  
 Sur  les bords du Shouraki  et dans  les contrées méridionales  
 ,  il  paraît  qu’effectivement  certains  chefs  le  
 prennent, peut-être parce qu’à leur autorité de chef ils  
 joignent le  caractère  de  prêtre.  Du reste,  si  le titre  
 d’ariki  confère  quelque  distinction  aux  chefs  qui  en  
 sont revêtus, je suis porté à croire qu’elle serait plutôt  
 honorifique que positive 2.  Ce titre répondrait en quelque  
 sorte à ceux  de doyen, primat, ancien, président, 
 I  Nicholas,  d’Urv.,  III,  p.  5g 8  et  suiv. —   a  Cruise,  p.  220. 
 parmi  nous.  En  effet,  ce  sont presque toujours  des  
 chefs fort avancés en  âge qu’on en a vus décorés. 
 L’autorité  des chefs  sur  leurs subordonnés immédiats  
 est elle-même fort indéterminée et souvent d’une  
 nature  équivoque  '.  Elle  dépend bien plutôt  de  l’influence  
 que  le  chef a  su  obtenir  sur  l’esprit  de  ses  
 compatriotes  que  d’aucun  droit  légal  et  explicite 2.  
 Cette influence peut s’obtenir  ou par des  exploits  signalés  
 dans les combats,  ou par une haute réputation  
 de  sagesse et d’expérience comme prêtre et prophète,  
 ou  bien  par  de  grandes  possessions  en  terres  et en  
 esclaves. On sent bien que la dernière  de  ces  conditions  
 a presque toujours eu pour origine les conquêtes  
 faites à main armée. 
 Dans  l’état  de  paix,  les  chefs ne  paraissent  avoir  
 presque aucun moyen direct pour se faire obéir de leurs  
 sujets 3 ; dans ce cas, leur autorité se trouve à peu près  
 restreinte aux privilèges  du tapou,  qu’ils peuvent imposer  
 à leur gré ;  c’est  une  sorte  de veto  dopt  les effets  
 sont,  chez ces peuples, beaucoup plus  importans  
 qu’on ne le penserait au premier abord,  ainsi qu’on le  
 verra plus tard. En guerre,  l’autorité du premier des  
 chefs  de  la  tribu  prend un grand degré d’extension,  
 elle devient presque  absolue,  et les  guerriers  lui  accordent  
 une obéissance passive 4. 
 Le  droit de  succession à l’autorité  passe ordinaire- 
 I  Marsden,  d’Urv.,  I II,  p.  1 9 g .—   a  Nicholas,  d’ü r v .,  I I I ,  p.  ^99.  
 q u o y ,  d’Urv.,  I I ,  p.  284.  —   3  Cook,  deux.  V o y .,  I l l ,   p.  3 71.  Nicholas,  
 I I ,  p.  i 4 i .   —   4 Marsden,  d Ü r v .,  I I I ,  p.  199. 
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