VOYAGE 413
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ment du frère aîné aux cadets, et revient ensuite aux
enfans des aînés Chez toutes les nations du nord,
il ne paraît pas que les femmes soient susceptibles
d’occuper le rang suprême ; les hommes même qui ne
peuvent conduire leurs guerriers au combat, par suite
de blessures ou d’infirmités, résignent le pouvoir, et
cèdent leurs droits à celui de leurs parens qui peut
remplir ces fonctions a. Dans les régions méridionales
, le contraire semble avoir lieu, car on cite des
femmes en possession de l’autorité supérieure; la
puissante Hina-Mate-Oro en offrait un exemple^. Sans
doute, en ce cas, c’est le rangatira-para-parao qui conduit
les guerriers aux combats.
Malgré la vénération profonde que ces insulaires
ont pour la valeur guerrière, et bien qu’elle soit pour
eux la plus éminente des vertus, peut-être même la
seule qu’ils estiment en ce monde, le préjugé de la
naissance est si puissamment établi chez eux qu’il est
impossible à un homme de la dernière classe de parvenir
au rang de noble ou rangatira. Aussi les chefs
faisaient observer aux missionnaires qu’il était fort
inutile d’instruire les enfans du peuple, attendu qu’ils
devaient rester dans la même classe que leurs parens,
mais qu’il était fort bon de donner de l’éducation aux
enfans des chefs 4.
Il m’a semblé néanmoins que le dernier des guer-
■ Cruise, d ü r v . , I II, p. 6 6 5 . — a Cool, deux. V o y ., I , p. 266. D’Urville,
I I I , p. 6 S1. — 3 Kendall, d ü r v . , I I I , p. 267. Marsden, d ü r v . , II I ,
p. 3 i 5, •— 4 Marsden, d 'ü r v ., I I I , p. 19g.
riers pouvait, par ses exploits, devenir rangatira-pa-
ra-parao, c’est-à-dire généralissime de l’armée ou lieutenant
du chef principal dans le commandement des
guerriers, litre qui confère un grand pouvoir en temps
de guerre, mais qui laisse cependant celui qui en est
revêtu au-dessous des rangatiras de naissance. Tel
était Koupanga près du chef Kaï-Waka, à Pa-Ika-
Nake ' ; Inaki à Mogoïa, près de Toupaïa 2; Shongui à
Kidi-Kidi, près de son frère Kangaroa tant qu’il fut
en vie, et Toupe près de son frère Tara à Korora-
Reka 3.
Les rangatiras sont très-fiers de leurs prérogatives ; Étiquette,
ils ne manquent jamais d’instruire les Luropéens de
leur propre dignité en les abordant 4, et demandent
ensuite aux étrangers quel estleur rang. Il était curieux
de voir avec quelle promptitude, avec quel discernement
ils savaient établir parmi les personnes de notre
équipage des assimilations aux divers ordres de la société
chez eux. Le capitaine était le rangatira-rahi,
le second le rangatira-para-parao, les divers officiers
rangatira, les autres personnes de l’état-major sans
autorité, les élèves et les maîtres, rangatira-iti, et les
autres hommes de l’équipage tangata, tangata-iti,
tangata-wari et kouki, suivant qu’ils étaient officiers-
mariniers , matelots ou domestiques. Ils s’efforcaient
d’abord de conserver leur rang en affectant une supériorité
grotesque à l’égard des Européens des deriiiè-
. Marsden, d’ü r v . , II I , p. i8 6 . Nicholas, I I , p. 5. — = D’Urollte,
I I , p. 173. — 3 Nicholas, d’ü r v . , II I , p. 600, 6 j i . — 4 Nicholas, I I ,
p. 2 î6 . D'Urville, I I I , p. 6 8 t.
Vf.