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 ment du frère aîné  aux  cadets,  et revient ensuite aux  
 enfans  des aînés  Chez  toutes les nations  du nord,  
 il  ne  paraît  pas  que  les  femmes  soient  susceptibles  
 d’occuper le rang suprême ;  les hommes même qui ne  
 peuvent conduire leurs guerriers au combat, par suite  
 de blessures ou  d’infirmités,  résignent le pouvoir,  et  
 cèdent  leurs  droits  à  celui  de  leurs  parens  qui peut  
 remplir ces fonctions a.  Dans  les  régions  méridionales  
 ,  le  contraire  semble  avoir  lieu,  car  on  cite  des  
 femmes  en  possession  de  l’autorité  supérieure;  la  
 puissante Hina-Mate-Oro en offrait un exemple^. Sans  
 doute,  en ce cas, c’est le rangatira-para-parao qui conduit  
 les guerriers aux combats. 
 Malgré  la  vénération  profonde  que ces  insulaires  
 ont pour la valeur guerrière,  et bien qu’elle  soit pour  
 eux  la  plus  éminente des  vertus,  peut-être  même  la  
 seule  qu’ils  estiment  en  ce  monde,  le  préjugé  de la  
 naissance  est  si puissamment établi chez  eux  qu’il est  
 impossible  à  un  homme de la dernière  classe de parvenir  
 au  rang de noble  ou  rangatira.  Aussi  les  chefs  
 faisaient  observer  aux  missionnaires  qu’il  était fort  
 inutile d’instruire les enfans du peuple,  attendu qu’ils  
 devaient rester dans la même classe  que leurs parens,  
 mais  qu’il était  fort  bon de donner de l’éducation aux  
 enfans des chefs 4. 
 Il m’a  semblé  néanmoins que le  dernier des  guer- 
 ■  Cruise,  d ü r v . ,   I II,  p.  6 6 5 . —   a  Cool,  deux.  V o y .,  I ,   p.  266. D’Urville, 
   I I I ,  p.  6 S1. —   3 Kendall,  d ü r v . ,   I I I , p.  267. Marsden,  d ü r v . ,   II I ,  
 p.  3 i 5,  •—   4 Marsden,  d 'ü r v .,   I I I ,  p.  19g. 
 riers pouvait, par  ses exploits, devenir rangatira-pa-  
 ra-parao, c’est-à-dire généralissime de l’armée ou lieutenant  
 du  chef principal dans  le commandement  des  
 guerriers, litre qui confère un grand pouvoir en temps  
 de guerre, mais  qui  laisse cependant  celui qui en est  
 revêtu  au-dessous  des  rangatiras  de  naissance.  Tel  
 était  Koupanga  près  du  chef Kaï-Waka,  à  Pa-Ika-  
 Nake ' ; Inaki à Mogoïa,  près de Toupaïa 2; Shongui à  
 Kidi-Kidi,  près de  son frère  Kangaroa tant  qu’il  fut  
 en vie,  et Toupe  près  de  son  frère  Tara  à  Korora-  
 Reka 3. 
 Les rangatiras sont très-fiers de leurs prérogatives ;  Étiquette,  
 ils  ne  manquent jamais  d’instruire  les  Luropéens de  
 leur  propre dignité  en les  abordant 4,  et  demandent  
 ensuite aux étrangers quel estleur rang. Il était curieux  
 de voir avec quelle promptitude,  avec  quel discernement  
 ils savaient établir parmi les personnes de notre  
 équipage des assimilations aux divers ordres de la  société  
 chez  eux.  Le capitaine  était  le  rangatira-rahi,  
 le second le rangatira-para-parao, les divers officiers  
 rangatira,  les autres personnes  de  l’état-major  sans  
 autorité, les élèves et les maîtres,  rangatira-iti, et les  
 autres  hommes  de  l’équipage  tangata,  tangata-iti,  
 tangata-wari et kouki,  suivant qu’ils étaient officiers-  
 mariniers , matelots  ou  domestiques.  Ils s’efforcaient  
 d’abord de  conserver leur rang en affectant une supériorité  
 grotesque à  l’égard des Européens des deriiiè- 
 .  Marsden,  d’ü r v . ,   II I ,  p.  i8 6 .  Nicholas,  I I ,  p.  5.  —   =  D’Urollte, 
 I I ,  p.  173.  —   3  Nicholas,  d’ü r v . ,   II I ,  p.  600,  6 j i .   —   4  Nicholas,  I I ,   
 p.  2 î6 .  D'Urville,  I I I ,  p.  6 8 t. 
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