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 gues ;  son ennemi,  en  faisant  la  paix,  lui  offrit une  
 pirogue  de  guerre  en  guise  à'oatou pour sceller  leur  
 réconciliation  Dans  leurs  disputes  avec  les  Européens, 
   et  même après qu’elles  sont  terminées,  on  les  
 voit  presque  toujours  réclamer  oatou  comme  une  
 chose qui leur est  due. 
 Les Zélandais poursuivent avec une constance opiniâtre  
 leurs projets de vengeance; un fds ne pardonne  
 jamais  l’injure  faite  à  son  père.  La  nécessité  seule  
 pourra le forcer à la laisser impunie durant un temps,  
 mais il en tirera satisfaction dès qu’il en verra la possibilité  
 2.  On sent bien  qu’avec de  pareilles dispositions  
 ces  peuples ne peuvent jamais vivre dans  un  état paisible  
 3 ;  aussi  sont-ils continuellement  sur  leurs  gardes  
 4, et l’on trouve bien  rarement un guerrier  zélandais  
 qui ne soit pas armé de toutes pièces. 
 Ces  gens  ne peuvent  concevoir que les Européens  
 n’aient pas les mêmes  opinions 3,  et  Taara  se  refusait  
 à croire que  les Anglais eussent  renoncé  à toute  idée  
 de vengeance contre lui en punition de l’attentat qu’il  
 avait commis  sur le Boyd 6. 
 Les guerres fréquentes où ces peuples sont engagés  
 et la faiblesse des tribus sont cause qu’elles  se réunissent  
 d’ordinaire plusieurs  ensemble pour former des  
 ligues offensives et défensives contre leurs ennemis 7.  
 Jadis les  tribus  de  la baie  des  Iles  et  celles de Shou- 
 I  Cruise,  p.  58.  —   2  Marsden,  d Ü r v . ,  III,  p.  436. —   3  Missionnary  
 Register,  d’U r v .,  I I I ,   p.  529. —   4  Cook,  trois.  V o y .,   I ,   p.  1 7 4 ,  17 5 ,  
 —   5  W.  Williams,  d’U rv .,  II I ,  p.  54 7 .  —   6  Marsden,  dÜ r v .,  I II,  
 p.  485.  —   7  Quoy,  d’ü r v .,  II,  p.  284. 
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 ki-Anga  s’unissaient  habituellement  avec  celles  du  
 Shouraki pour aller ravager  les  peuplades de  la  baie  
 d’Abondance  et  du  cap  Est.  Dans  les  dernières  années  
 ,  les  deux  premiers  peuples  allaient  combattre  
 chaque  année  contre  ceux  du  Shouraki  et  du Wai-  
 Kato,  ligués  ensemble  '.  Dernièrement les guerriers  
 de la baie  des Iles en sont venus  aux mains avec ceux  
 du  Shouki-Anga ;  enfin on a vu  des  tribus combattre  
 isolément  l’une contre l’autre, comme quand Shongui  
 alla attaquer les habitans de Wangaroa,  quand Temarangai  
 entra sur les terres de Kidi-Kidi 2, quand Moudi-  
 Waï et Matangui eurent querelle ensemble 3 ,   etc. 
 Dans les guerres  importantes où il s’agit du sort de  
 plusieurs tribus  réunies, avant d’entrer en campagne,  
 tous les  chefs  d’un  certain  rang  se  réunissent  en un  
 conseil solennel,  etdélibèrent gravement sur les avantages  
 et les inconvéniens  de la  guerre  4.  Ils  parlent  
 l’un  après  l’autre  avec  noblesse et dignité ,  debout et  
 en marchant,  et leurs discours  sont  toujours écoutés  
 dans  le  plus  profond  silence  5.  Ces  conseils durent  
 quelquefois des journées entières ; ils ont Heu en plein  
 air ; les chefs sont accroupis sur leurs genoux, en formant  
 le  cercle,  et se tiennent dans  un grand recueillement  
 6.  Les  prêtres  y  sont  appelés  et  y  exercent  
 souvent une grande influence. 
 On a reproché à ces insulaires leur perfidie et leurs 
 I  D’Urville,  I I ,   p.  i 65 . — ^  J. Butler,  d’U rv .,  I I I ,  p.  — 3 Marsd 
 en ,  d’U r v .,  III,  p. 3 3 i  et suiv. —  4 Savage,  p. 28. —   5 Marsden,  d’Urv.,  
 I I I ,  p.  322.  W .  Williams,  d’Urv.,  II I ,  p,  55q.  —   6  Marsden,  d’U rv .,  I I I ,   
 p .   4 0 9 .