r it ;
I:' '
que les Européens eurent à essuyer par la suite de la
part des habitans de Wangaroa .. Surville est probablement
le navigateur dont le nom est resté dans la
mémoire des naturels sous le titre de Slivers.
Deux ans plus tard son compatriote Marion conduisait
ses navires dans les mêmes parages. Il attérit
devant le mont Egmont le 24 mars 1772; comme
Tasman, il prolongea la côte ouest d’Ika-na-Mawi,
doubla le cap Nord, et vint mouiller le 4 mai sur la
baie des Iles 2. Les vaisseaux français avaient éprouvé
des avaries considérables, et Marion voulut profiter
des bonnes dispositions des naturels et des beaux bois
de mâture qui croissaient dans leurs forêts pour réparer
ces avaries. Durant quarante jours environ, la
bonne intelligence qui régnait entre les insulaires et
les Européens ne fut pas un seul instant troublée; la
confiance de ceux-ci envers leurs hôtes était parvenue
au plus haut degré d’abandon et de sécurité. Mais, dans
les journées du 12 et du 13 juin, Marion fut massacré,
amsi que vingt-sept hommes des deux équipages, sans
qu’aucun motif eût p u , même en apparence, provoquer
cet affreux attentat de la part des Nouveaux-Zélandais
3.
Déjà Rochon, en donnant au public le récit du
voyage de Marion, avait attribué cette catastrophe à
l’injuste conduite tenue par Surville deux ans auparavant
à l’égard deNagui-Nouï. Son opinion acquerra un
’ ïïo v h o n , d ’U r v . , I I I , p . 2 6 e t s u i v .
3 2 . — 3 R o c h o n , I I I , p. 3 , . ' e l s u i v .
— 2 R o c h o n , d ’ U i - v . , I I I , p . 3 i e t
nouveau degré de vraisemblance, quand on saura que
les habitans de la baie des lies ont déclaré d’une voix
unanime que Tekouri, l’auteur principal du meurtre
de Marion et de ses compagnons, appartenait, atnsi
que ses guerriers, à la tribu de Wangaroa. Nagui-
Nouï était de ce pays, et peut-être parent de Tekouri;
alors la vengeance de celui-ci n’avait rien que de
juste et d’honorable, suivant les idées reçues par ces
peuples. Il est même possible que Tekouri ne se soit
porté à cet acte indispensable de satisfaction, que lorsqu’il
aura été bien convaincu que Marion appartenait
à là même nation que Surville ; et cette raison pourrait
expliquer comment, la conduite, en apparence la plus
affectueuse et la plus hospitalière de la part de ce
chef, fit to u t-à -co u p place à la plus atroce barbarie.
Quoi qu’il en soit, les Français, à leur tour, vengèrent
d’une manière éclatante le meurtre de leurs
compatriotes; plusieurs villages furent livrés aux
flammes ; des centaines de naturels payèrent de leur
vie leur perfidie . ; et encore, aujourd’hui leurs des-
cendans né parlent de cet événement qu’avec une terreur
respectueuse.
Ce fut à Marion que les habitans de la baie des lies
durent la plupart des plantes potagères dont leur sol
est actuellement couvert, telles que navets, raves, oignons,
choux 2, etc. Les sauvages en ont gardé le
souvenir, et ils en rendent témoignage aux étrangers.
I R o c h o n , d 'Urv., I I I , p. 42 et suiv. — » R o c h o n , d’Ü rv ., I I I , p- 72-
i ’ 1 ■