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 vasard,  et  ne  nous  faisant  qu’à  quatre  ou  cinq  
 milles  du cap Foul-Wind. Le ciel, assez beau jusqu’à  
 ce moment,  se  couvrit  ensuite,  et la  pluie  fut presque  
 continuelle  de  minuit  au  jo u r ,  avec  une  faible  
 brise de N. N.  O. 
 A quatre  h eu re s,  le  cap  Foul-Wind  se  remontra  
 dans l’E.  N. E.  à huit milles  environ ,  et  la route fut  
 donnée pour en passer à quatre ou cinq milles. Quand  
 nous en fûmes  p rè s , nous reconnûmes  que la  pointe  
 qui  le  dessine est un  terrain  bas,  couvert  de  belles  
 forêts,  et  saillant  de  deux  ou  trois  lieues en mer. A  
 un mille  et demi dans  le  nord de son extrémité, sont  
 situés  trois  rochers  nus,  isolés  et  hauts  de  soixante  
 à  quatre-vingts pieds. Nous leur donnâmes le nom des  
 Trois-Clochers,  de  l’apparence  qu’ils  o n t, vus  d’une  
 certaine  distance. Dès  que nous  nous  trouvâmes par  
 leur  trav e rs,  à  neuf  heures  vingt-deux  minutes  du  
 matin,  et  à  moins  d’une  lieue  de  distance,  la  corvette  
 sillonna des  eaux  très-fangeuses et jonchées de  
 troncs  d’arbres ,  de feuilles  et de débris  de végétaux.  
 Cela dura jusqu’à quatre heures  du  soir, l’espace  de  
 dix-huit  milles  environ  ,  sans  que  nous  pussions  
 apercevoir  au large  la  limite de  ces eaux décolorées.  
 Quant à leur cause ,  il  y a  tout  lieu de croire  qu’elle  
 était due  à la présence d’une rivière  ou  d’un fort torrent  
 qui  déboucherait sur la partie  septentrionale  de  
 la  vallée  qui  forme  le  cap Foul-Wind. Nous  crûmes  
 même remarquer une coupée par 41° 46’ S ., qui pourrait  
 bien  être  l’embouchure  de  cette  rivière,  et de là 
 seraient  venus  ces  nombreux  débris  de végétaux  et  
 ces  eaux  bourbeuses  entraînées  par  le  to rre n t,  à la  
 suite  des  dernières averses. 
 Pendant  tout  ce  temps,  la  sonde  rapporta successivement  
 quatre-vingts,  cinquante-trois,  trente-cinq  
 et  même  trente brasses ,  fond de sable vasard et dur.  
 Sans  d oute ,  sur  toute  cette  partie  de  la  cô te ,  les  
 navires  pourraient  mouiller  à  l’a b r i,  tant  que  les  
 vents dépendraient  de  la  partie  de  l’est. Mais  pour  
 le  faire  avec  une  certaine  sécurité,  il  faudrait avoir  
 acquis  des  connaissances  locales  sur  la  marche  des  
 vents et  les  indices qui peuvent  annoncer leur durée  
 et  leurs  changemens. Jusque-là  il  serait  fort  imprudent  
 de  hasarder  un  tel  mouillage,  car  toute  l’expérience  
 que  j ’ai acquise en  trois  mois  de séjour sur  
 ces côtes  orageuses ,  ne m’a que trop appris combien  
 on doit peu  y  compter  sur le  temps  le  plus  beau  et  
 la  brise  la  plus  favorable  en  apparence. 
 En  outre ,  il est probable que  si  l’espèce  humaine  
 a  trouvé  moyen  de  pénétrer  sur cette côte  inhospitalière  
 ,  elle  a dû s’établir  aux  environs du cap Foul-  
 Wind ,  et la  lunette nous  faisait  apercevoir  des  sites  
 agréables  et  de  belles  pelouses  susceptibles  de cul-  
 tqre.  Cependant  toute  notre  attention  ne  put  nous  
 faire  découvrir  ni  cabane,  ni  trace  d’habitans,  ni  
 même nul  indice de feux. 
 Au-delà de ce  promontoire,  la  côte se  relève tout-  
 à-coup  en  mornes  escarpés  dès  le  bord  de  la m e r,  
 et  n offre  pas  la  moindre  apparence  de  lisière  praticable  
 aux  pas  de  l’homme.  Un  peu  avant  la  n u it,