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tètes dépourvues de tatouage, qui ne leur offraient
aucune sorte d’intéi’êt.
Quand une i'auiille ou une tribu apprenait que l’ennemi
avait préparé et conservait la tète de son chef,
c’était pour elle une consolation dans sa détresse.
Si elle gardait l’espoir de lutter avec succès contre
l’ennemi, elle n’avait point de repos qu’elle ne l’eût
conti'aint par la force des armes à lui rendre celte
précieuse dépouille. Sinon, par des présens ou des offres
avantageuses , elle faisait en sorte de le déterminer
à lui donner cette satisfaction.
Ainsi les moko-nwkaï devenaient en quelque sorte
des gages de paix et de réconciliation entre des tribus
ennemies et mutuellement acharnées à leur perte.
Après de longs efforts, des guerres sanglantes , on a
vu quelquefois des peuples long-temps rivaux cesser
leurs querelles et cimenter leur union future par l’échange
de ces précieuses reliques '.
Quand une de ces têtes est restituée aux parens de
celui à qui elle appartenait, ceux-ci se livrent, en la
revoyant, aux mêmes démonstrations de douleur^, ils
lui rendent les mêmes honneurs que si la personne
venait de mourir et qu’ils possédassent son corps entier.
Il faut croire qu’en ce cas les parens du défunt
imaginent que son waidoua est rétabli dans ses droits
primitifs en tout ou en partie.
Au milieu du combat, si l’un des partis vient toutà
coup à présenter à ses ennemis les tètes de leurs
chefs, c’est une preuve que ce parti désire la paix et
qu’il est prêt à l’accorder à telles conditions que l’on
voudra lui imposer. Si à la vue de ces dépouilles l'ennemi
pousse une acclamation, c’est une preuve qu’il
veut aussi la paix, et elle est sur-le-champ proclamée
des deux côtés avec les cérémonies usitées. Si l’ennemi
garde le silence, c’est une preuve qu’il veut tenter jusqu’au
bout le sort des armes, et le combat continue ■.
Depuis que les Européens se sont montrés curieux
d’acquérir ces têtes conservées, les naturels en ont
fait un objet de commerces. On sent bien que k nouvelle
destination qu’ils ont donnée à ces trophées n’a
pas dù contribuer à rendre leurs guerres ni moins fréquentes,
ni moins sanglantes.
Non content de manger le corps de son ennemi et
de préparer sa tète en moko-mokaï, le Nouveau-Zélandais
se plaît encore à transformer les ossemens de
sa victime en toutes sortes d’objets, tels que flûtes,
hameçons, fourchettes et ornemens divers. Puis il les
conserve comme des monumens authentiques de sa
vengeance, ou il les vend aujourd’hui aux Européens
moyennant des prix plus ou moins élevés, suivant le
rang de l’individu auquel ils avaient appartenu.
Suivant M. Marsden, il existerait parmi eux une
convention bien extraordinaire. Lorsque deux armées
ou deux troupes en sont aux mains et que le chef de