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VOYAGE
naires de Pahia ; mais lorsqu’elle arriva à b o rd , il se
trouva qu’elle était montée par King-Harey *, rangatira
de Korora-Reka qui me reconnut de suite, et par
le neveu du fameux Pomare de Mata-Ouwi. Le premier
a débuté par me solliciter de la manière la plus
pressante , d’aller mouiller devant son village, répétant
sans cesse que nous étions fort mal à Paroa et
que nous ne pourrions nous procurer ni cochons ni
patates. Puis , voyant qu’il ne pouvait m’ébranler, il
s’est mis à me demander coup sur coup des fusils, de
la poudre, des haches , du pain , etc., en un mot tout
ce qui lui a passé par la tête. Ses demandes ne furent
point écoutées , mais je lui annonçai qu’il pourrait obtenir
tous ces articles, s’il nous envoyait les vivres
dont nous avions besoin. Il me fit de belles promesses.
* J ignorais alors que ce chef fût ce môme Moïangui si fameux, dans les annales
de la Nouvelle-Zélande, par son voyage en Angleterre avec M. Savage,
et dont M. Marsden a souvent fait mention dans ses Mémoires. Cependant
j ’avais été frappé de son affectation singulière à imiter les manières européennes
, de sou ton presque courtisan et de sa facilité à s’exprimer en anglais. Si
j ’eusse été instruit que je parlais à Moïangui, je lui aurais adressé un plus
grand nombre de questions et je me serais peut-être procuré par sa bouche des
renseignemens curieux sur les vrais motifs des guerres actuelles entre les ha-
bitaiis de la baie des Iles et ceux de Shouraki. Mais j ’avais lu jadis que ce naturel
avait été banni de Xorora-Reka pour cause de v o l, par l’ariki tara, et
je le croyais encore à Pa-Ika-Nake, près Wang ari, où il s’était réfugié. Ce
n’a été qu’à mon retour en France, et en lisant le récit de M. Dillon, que j ’ai
appris que Moïangui avait pris le nom de King-Charley, que les naturels prononcent
par corruption King-Harey. et qu’il était revenu à Korora-Reka.
Sans doute il avait du sou rappel d’exil à sa parenté avec King-Jorri (King-
Georges), rangatira rahi de Korora-Rcka, et dont la mère était la soeur de
Moïangui.
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mais je vis facilement qu’il n’avait guère plus le pouvoir
que la volonté de les remplir. Alors je lui adressai
diverses questions, et je tirai à peu près de ses réponses
les résultats suivans.
La tribu de Shongui, qui depuis long-temps avait
juré la ruine de celle de Paroa, a profité de la mort de
Touaï arrivée l’année dernière, pour mettre son projet
à exécution. Après ce cbef, il ne s’en est trouvé aucun
qui fût capable de soutenir la dignité des guerriers de
Kabou-Wera, et ceux de Kidi-Kidi sont venus à main
armée leur signifier qu’ils eussent à évacuer leur pâ.
Ils se soumirent à cette cruelle condition -, personne
ne fut tu é , mais les propriétés furent pillées, et les
membres de cette malheureuse tribu sont aujourd’hui
dispersés parmi ceux de leurs voisins qui ont consenti
à leur donner un asile. — Du reste, Shongui n’était
point mort, comme me l’avaient affirmé les habitans
de Moudi-Wenoua, mais très-souffrant de ses blessures
à Wangaroa où il était alors. — La tribu de Wangaroa
a été complètement exterminée après une défense
très-opiniâtre. — La flotte que nous avons rencontrée
près de Wangari était effectivement celle de King-
Jorri de Korora-Reka qui allait faire la guerre à Kaï-
Waka et à Rangui sur les bords du Shouraki. — Un
sauvage ajoutait que les missionnaires de Wangaroa
avaient quitté leur établissement, ainsi que ceux de
Kidi-Kidi, et que tous les Européens se trouvaient en
ce moment réunis à Pahia, au nombre de quarante
environ. Ces nouvelles annonçaient que de grands
troubles avaient eu lieu dans le pays, ce qui m’en1827.
Mars. I ’ M