
 
        
         
		Panapati. 
 Bcvue. 
 VOYAGE 
 s’elï'oi'cent  d’ojiposer  aux  ravages  de  leurs  ennemis,  
 ils  finiront  par  être  complètement  exterminés  ',  à  
 moins qu’à leur tour ils ne réussissent à s’approvisionner  
 de ces armes  qui leur sont aujourd’hui si fatales. 
 Ces peuples ont une si haute idée de la valeur guerriè 
 re , qu’aux yeux  de  Touai,  dans  toute  l’Europe,  
 riiorame le plus illustre,  le plus digne de ses  respects  
 et  de  son  admiration,  était  Bonaparte,  dont  il  avait  
 entendu raconter les exploits. A  son passage à Sainte-  
 Hélène ,  Touai avait été présenté à ce grand capitaine,  
 et  il  se rappelait  souvent ce jour,  comme un  des  plus  
 glorieux de sa  vie. Quand  Shongui  vint nous  rendre  
 visite,  escorté  de  ses  principaux  guerriers, j ’en  remarquai  
 un  que  sa haute  taille,  ses  formes  athlétiques  
 et  son  attitude  belliqueuse  faisaient  distinguer  
 parmi tous  ses  compagnons.  Je demandai son nom  à  
 Touai,  il me  répondit  que  ce  guerrier  se  nommait  
 Hihi, et il ajouta avec emphase qu’il était le Panapati  
 de la N ouvelle-Zélande.  Je ne compris pas  d’abord ce  
 qu’il  entendait  par  cette  épithète ;  mais  il  proféra  le  
 mot Sainle-Hélène,  et  je vis  bientôt qu’il  proclamait  
 Hihi le Bonaparte de  la  Nouvelle-Zélande ,  el  par là  
 il m’en faisait dans  son idée l’éloge le plus brillant.  Ce  
 Hihi est le même qui, l’année suivante ,  se noya  dans  
 les  eaux  du Waï-Tapaata,  pendant  qu’il  combattait  
 contre les habitans du Shouraki. 
 Il paraît qu’à  certaines époques de l’année les  chefs  
 passent  la  revue  des  hommes  en  état  de  porter les 
 >  Omise,  d’ü r v .,  II I ,  p.  6GG.  D’Urville,  I I ,  p.  i 6 5 . 
 D E   L’ASTROLABE. 42.3 
 armes  dans  la  tribu.  Les  guerriers  sont  rangés  par  
 compagnies  de  cent bommes ,  et  chaque  compagnie  
 est  commandée  par  un  rangatira;  de  sorte  que  ce  
 mot  rangatira  désigne  aussi  une  compagnie  de  cent  
 guerriers.  Un  chef a  cinq,  six,  dix  rangatiras  sons  
 ses  o rd re s,  suivant  qu’il  a  c inq,  six  cents  ou  mille 
 guerriers  à  conduire  aux  combats.  Cette  revue  a 
 toujours  lieu lorsque  la tribu va  se mettre  en  campagne, 
   et elle est opérée par les soins du rangatira para-  
 parao, sous les yeux du cbef principal  ‘. 
 Quand un  cbef vient  à  commettre  quelque  action  Délits 
 contraire aux coutumes du pays ou  au droit  reconnu, °' p™'“»»*- 
 ses voisins  se  rassemblent  et  le  punissent,  soit en le  
 dépouillant  en  tout  ou  en  partie  de  ses  propriétés,  
 soit  mêmeteii le maltraitant  et  le  battants. Dans ces  
 occasions, son peuple partage ordinairement son sort,  
 et  subit aussi  les conséquences de sa faute. 
 Souvent aussi les chefs décident leurs querelles par  
 un appel  aux  armes,  par une  sorte  de jugement  de  
 Dieu,  qui a lieu devant les  chefs  des  nations voisines  
 et leurs guerriers rassemblés, pour servir à la fois de  
 conciliateurs  ou  de juges,  suivant  que  les coutumes  
 du pays  le  permettent. M. Nicholas nous a tracé une  
 description  fort  intéressante  d’un  de  ces  tournois,  
 dans la  circonstance  où  Hinou accusa Wiwia d’avoir  
 séduit sa femme, et le traduisit  devant l’assemblée solennelle  
 des guerriers de la baie des  Iles 3. 
 I  Nicholas,  d ü r v . ,   111,  p.  6 o 6 .—   2  Savage,  p.  3o.  —   3  JNiciiûlas,  
 d ü r v .,  I l l ,   p.  607  et  .'juiv.