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 ¡14 VOYAGE 
 res classes ; mais comme ces Européens, tout inférieurs  
 qu’ils  étaient  aux yeux  des  chefs pour le  ran g ,  leur  
 montraient bientôt des objets  qui  étaient  pour eux  de  
 véritables  trésors,  ces orgueilleux  rangatiras  ne tardaient  
 pas  à dépouiller  leur  fierté  et  à déroger en  se  
 familiarisant avec les simples matelots. Toutefois,  dès  
 qu’ils  se retrouvaient à terre et parmi leurs sujets,  ils  
 reprenaient  toute  leur  importance,  et  dans  ce cas il  
 était  rare  qu’ils  eussent voulu  compromettre leur dignité  
 avec  des Européens trop  au-dessous d’eux. 
 Les chefs  de la Nouvelle-Zélande  sont  si  chatouilleux  
 sur  l’article de la préséance  et  du  rang ',   qu’ils  
 vivent  dans une rivalité continuelle,  dans  un  état de  
 jalousie poussée à l’excès les uns  à l’égard des autres.  
 La  médisance,  la  calomnie,  les  mensonges les  plus  
 grossiers ne leur coûtent pas à l’égard de leurs rivaux,  
 et ils  excitent  sans  cesse le  courroux  des  Européens  
 contre eux. C’est un fait qui a été observé par une foule  
 de voyageurs 2. 
 Ce fut cet odieux sentiment qui porta Tara et Toupe  
 à accuser, près  des Anglais,  leur  rival  Tepahi d’avoir  
 dirigé  l’attentat commis  sur  le B oyd,  accusation qui  
 lui  devint  si  funeste  ainsi qu’à  son peuple 3.  J ’ai  raconté  
 tous les  efforts que tentèrent  les chefs de Houa-  
 Houa ,  et Shaki a leur tête ,  pour me  porter  à massacrer  
 des chefs  étrangers  qui  étaient venus me rendre  
 visite 4. 
 >  Niclioias,  d ü r v . ,   I I I ,  p. 600. D’Urville,  I II, p.  680. —   »  Cook,  trois.  
 V o y .,  I ,   p.  i 5g.  Nicholas,  I ,   p.  296.  —   3  Nicholas,  II, p.  56. —  4 D’Ur-  
 ville,  I I ,  p.  too  et  suiv. 
 D E   L ’ASTROLABE. 415 
 Scrupuleux  observateurs du cérémonial,  ces  naturels  
 n’abordent jamais  un  chef qu’en  le  traitant  de  
 rangatira ;  mais  ils  apostrophent un  homme du commun  
 par l’épithète de Tangata, homme,  et plus  souvent  
 ATîu'îîj  jeune  garçon.  Il  était  plaisant  de voir à  
 bord les jeunes filles esclaves courir après les  personnes  
 avec lesquelles elles  s’étaient familiarisées , en répétant  
 à chaque instant  :  E  Koro.  [E  est le signe de  
 l’appellatif. ) 
 La  guerre  est  aux  yeux  des  Nouveaux-Zélandais  
 l’état le plus honorable pour l’homme,  et  toutes leurs  de guenc.  
 pensées sont presquetoujours dirigées vers les moyens  
 de  la  faire  avec  succès  '.  Le motif  ordinaire  ou  du  
 moins le prétexte apparent de toutes  leurs guerres est  
 toujours de réclamer de leur ennemi une  satisfaction,  
 outou, pour une  offense  réelle ou supposée de la part  
 de  cet ennemi 2.  S’il  consent à donner  cette satisfaction  
 ,  l’agresseur  se  retire 3 ;  sinon  les  fureurs  de  la  
 guerre continuent jusqu’au moment où l’un  des partis  
 est complètement défait ou exterminé. Quand les deux  
 partis viennent à faire la paix,  il est bien rare que l’un  
 des deux n’offre pas un  dédommagement à l’autre en  
 guise de  satisfaction,  et  ce gage  ou  outoa  paraît seul  
 susceptible de consolider la paix d’une manière stable. 
 Après  la  guerre que Shongui  et  Temarangai  eurent  
 ensemble en  1820,  et où  le premier perdit vingt piroï  
 Cruise,  d’Urv.,  I I I ,  p.  6 4 0 .—   2  Marsden,  d’Urv.,  II I ,  p.  283,  29 5 ,  
 3 t 6 ,  414 .  —   3  Marsden,  d’ü r v ,,  I I I ,   p.  336.  J .  K in g ,  d’U rv.,  III,  
 p.  3p 3.  Madame  Williams,  d’U r v .,  II I ,  p.  493. 
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