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 406 VOYAGE 
 dément,  il se pourrait que dans l’exemple unique que  
 mentionne  ce  voyageur  il  eût  été  dans  l’erreur,  et  
 que  la  femme  dont  il  est  question  n’ait  point  été  la  
 mère de  l’enfant,  mais  seulement  une  esclave  de  la  
 maison.  Les  premiers voyageurs  ont  été  souvent  induits  
 en  erreur,  en  confondant  de  simples  esclaves  
 avec  les femmes ou  les  fdles des chefs. 
 C’est  par  suite  d’une méprise semblable  que  plusieurs  
 navigateurs ont  répété les  uns  après  les autres  
 que  ces  peuples  s’empressaient  de  prostituer  leurs  
 femmes  et  leurs  fdles aux marins  européens, moyennant  
 des  bagatelles  de  toute espèce. Le fait n’était pas  
 exact. Nulle  part  les  femmes mariées  ne  se  montrèrent  
 moins accessibles qu’à la Nouvelle-Zélande, et les  
 compagnons de Marion avaient déjà fait cette observation. 
  Ces naturels n’offrent jamais aux Européens que  
 des  filles  et  presque  toujours  de  la  classe  du  bas  
 peuple et  des esclaves.  Ordinairement  les  chefs d’un  
 certain rang ont toujours éprouvé une vraie répugnance  
 à livrer leurs  propres  filles  aux  désirs des  étrangers, 
   sans  pourtant y attacher aucune idée criminelle  
 ou illicite '. Les  chefs  de Mogoïa se seraient  crus positivement  
 déshonorés,  en prostituant leurs filles aux  
 Européens  2. 
 Un  sentiment  qui  fait  beaucoup  d’honneur  à  ces  
 sauvages,  est leur profond respect pour  la vieillesse.  
 Aux repas, aux conseils,  dans toutes les occasions solennelles, 
   les  places  d’honneur  sont  réservées  aux 
 ï  Omise,  p.  172.  —   2  Cruise,  d’ü r v .,  I I I ,  p.  654. 
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 vieillards. Les jeunes gens les  écoutent  avec  respect;  
 quoique les chefs parvenus à un  certain  âge  résignent  
 d’eux-mêmes  leur  pouvoir  et  le  commandement  de  
 la  tribu  à  leurs  fils  ou à leurs neveux,  néanmoins  ils  
 conservent  la plus grande  influence  au  conseil,  et  il  
 est  rare  qu’on  décide jamais  aucune  entreprise  sans  
 les consulter '.  Ce respect pour l’âge s’étend jusqu’aux  
 hommes  du peuple et même aux esclaves ;  on voit des  
 chefs  nourrir des  individus  de cette classe  bien qu’ils  
 n ’en retirent aucune sorte d’utilité et uniquement pour  
 leur âge avancé 2. 
 Leurs  dispositions  hospitalières  ont  été  attestées  Hospitalité,  
 par tous  les  voyageurs sans  exception 3, mais  les  relations  
 de  M.  Marsden en fournissent  sans cesse des  
 preuves  irrécusables;  et  la  réception  qu’il éprouvait  
 partout où il portait ses pas, nous rappelle en quelque  
 sorte  les  moeurs des  anciens  patriarches  4.  On peut  
 citer  également  le  voyage de  cet Américain, Clarke,  
 qui  se rendit par terre et tout seul des bords du Shouraki  
 à  la baie  des  lies.  Partout  il  fut bien  accueilli,  
 comblé  de politesses,  et  l’on  avait même  soin  de  lui  
 donner  des  guides pour  lui  indiquer  le  chemin  qu’il  
 devait suivre 3. 
 Les naturels  qui avaient  visité  la  colonie  anglaise  
 se plaisaient à dépeindre l’égoïsme et l’avarice des Européens, 
   en  opposition  avec la générosité des Zélan- 
 I  Savage,  p.  29.  —   2  Nicholas,  I ,  p.  160.  Blosseville,  dÜrv.  ,  I I I ,  
 p.  696.  —   3  Cruise,  d ü r v .,  I l l ,   p.  6 7 1 .   —   h Marsden, à 'U w .,  III,  p.  3 2 7 ,   
 35 7.   —   5  Cruise,  p.  249. 
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