48.2 VOYAGE DE L ’ASTROLABE. 483
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petite touffe de feuilles très-odoriférantes , qui sert
comme de dernier rempart à leur modestie '.
En opposition à la coutume suivie par diverses
peuplades de la mer du Sud, qui pratiquent l’incision
du prépuce pour l’empêcher de recouvrir le gland,
comme ceux des îles Tonga, par exemple, Banks
avait observé que les Zélandais tenaient beaucoup à
ne jamais laisser à découvert cette partie du corps.
Pour empêcher que cela n’arrivât, une petite corde
suspendue k leur ceinture leur servait à nouer la peau
du prépuce au-dessus du gland. En effet, cette partie
semblait être la seule de leur corps qu’ils fussent
soigneux de cacher ; ils se dépouillaient sans aucun
scrupule de tous leurs vêtemens, excepté de la ceinture
et du cordon ; mais ils paraissaient fort confus
lorsque, pour satisfaire leur curiosité, les Européens
les priaient de dénouer le cordon, et ils n’y consentaient
jamais qu’avec des marques de répugnance et
de honte très-prononcées 2.
Bien que les hommes n’attachent aucun sentiment
de honte à quitter leurs vêtemens devant les femmes,
celles-ci se tiennent toujours couvertes 3 ; surtout
elles ne quittent jamais leurs nattes de dessous ; car
elles paraissent attacher peu d’importance à laisser
voir leur gorge. Nous avons déjà fait la remarque
1 Cook, prem. V o y ., III, p. 84. — 2 Cook, prem. V o y ., I I I , p. 272.
— Nous lisons dans la relation de Porter qu’à Nouka-Hiva, dans les îles
Marquises, les insulaires éprouvent un sentiment de honte semblable à laisser
voir la même partie, bien que l ’incision soit pratiquée chez eux. — 3 Cruise,
d’Urv., IIIJ p. 609.
qu’elles montraient en général beaucoup plus de réserve
et de modestie que dans les autres îles de la
Polynésie '.
Aujourd’hui ces insulaires sont jaloux de se procurer
des vêtemens européens ; quand ils ont pu obtenir
quelques méchantes guenilles, ils croient, en s’en
affublant, acquérir une haute importance. Le vieux
Moudi-Waï suppliait M. Marsden de lui envoyer une
chemise de flanelle rouge, un bonnet de nuit et une
paire de lunettes, ajoutant que cela suffirait pour
faire de lui un grand homme 2.
On ne peut cependant s’empêcher de convenir que
le costume des Nouveaux-Zélandais a une sorte de
dignité sauvage et naturelle qui impose aux yeux de
l’étranger 3. Ces hommes perdent beaucoup en adoptant
les habillemens européens, dans lesquels ils semblent
étriqués et rapetissés 4.
Presque tous les voyageurs nous ont dépeint les
Nouveaux-Zélandais comme moins propres que les
habitans des autres archipels de la Polynésie; cela
vient de ce qu’ils se baignent et se lavent moins fréquemment
, et c’est assez n a tu re l, eu égard à la température
beaucoup plus froide de leur pays 5. Il en résulte
qu’ils sont bien plus sujets à la vermine 6, et leur
chevelure en est habituellement pourvue. Les femmes
sont souvent occupées à donner, la chasse à ces
X Cook, prem. V o y ., I I I , p. 274. Blosseville, d ’ü r v ., II I , p. 6 q5. —
s Marsden, d’U rv ., III, p. 355. — 3 Nicholas, d’U rv ., I I I , p. 585. —
■ k Cruise, p, 12. — 5 Cook, prem. V o y . , I II, p. 8 5 , 26Z. — G Cook, deux-
V o y ., I, p. 254. Cruise, p. 7.