VOYAGE
J f¡ M
ment qu’on lui impose le nom qu’il doit porter par la
suite «. Ce nom est une affaire importante et sacrée
pour ces peuples, il fait pour ainsi dire partie de leur
être qu’il représente d’une manière intellectuelle. Ils
en changent cependant en quelques circonstances
extraordinaires, et alors le baptême est, dit-on, renouvelé
2.
Touai ajouta qu’au moment où l’on baptise l’enfant,
on plante aussi un arbre qui devient l’emblême de son
existence ; la croissance et la taille de l’arbre ont un
certain rapport prophétique avec l’âge du nouveau-
né et le développement graduel de ses facultés. Si
l’arbre prospère et devient vigoureux, c’est d’un heureux
augure pour l’enfant ; si, au contraire, il dépérit
et meurt, les parens regardent cet événement comme
du plus fâcheux présage pour l’objet de leur tendresse.
Il en résulte, suivant Touai, entre les diverses
circonstances de l’existence humaine et celles de la
vie d’un a rb re , certaines allusions singulières qui se
reproduisent parfois dans leur langage.
Éducation. Les enfans reçoivent toutes sortes de soins de la
part de leurs mères qui sont pour eux des nourrices
tendres et fort attentives 3. Quand les femmes de ce
pays veulent sevrer leurs enfans, suivant M. Edwardson,
elles se frottent l’extrémité du sein avec la partie
de la tige dm phormium voisine de la racine, qui est
fort amère 4.
■ Cruise, d’ü r v . , I I I , p. 664. — 2 ü ’Urville, III, p. 6 8 3 . — 3 Sm mg e,
p. 44- Cruise, d Ü r v ., I I I , p. 664. Revue Britannique, dÜ r v ., I I I , p. 273.
— 4 Blosseville, p. 2g.
DE L ’ASTROLABE. 445
Les pères eux-mêmes s’accoutument à porter de
bonne heure leurs enfans sur leur dos , à jouer avec
eu x , et à mâcher les alimens qui seraient encore trop
durs pour leurs petites dents Le plus grand plaisir
qu’un Européen puisse faire à un Nouveau-Zélandais,
homme ou femme, c’est de s’occuper de son enfant,
de le caresser et de lui faire quelques présens 2 ; c’est
peut-être le meilleur moyen pour gagner sur-le-champ
son amitié.
Les enfans croissent paisiblement sous les yeux de
leurs parens, sans être assujettis dans le bas âge à
aucune espèce de contrainte 3, de leçons ou d’exercices
particuliers. Nonobstant la liberté illimitée dont
ils jouissent, ii est juste d’observer qu’ils sont en général
joyeux, d’une humeur égale, et d’un caractère
aimable. Ilsne sont point sujets à ces caprices bizarres,
à ces dispositions fantasques qui rendent tant d’enfans
maussades et haïssables dans nos sociétés civilisées.
Ils s’accoutument promptement à la vue des étrangers
, et recherchent leur société sans cependant se
rendre importuns ni indiscrets 4.
Quand ils sont arrivés à l’âge où ils peuvent déployer
leurs petites forces, les filles se forment peu à
peu , sous la direction de leurs meres , aux travaux
qui seront un jour l’apanage de leur sexe; les garçons
s’attachent plus particulièrement à la société de
leurs pères, ils les suivent aux assemblées publiques,