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qui asscclic en grande partie à marée basse, de manière
à ne conserver qu’on chenal de quatre ou cinq
])ieds de profondeur, formé par les eaux réunies des
trois torrens qui viennent s’y décharger. Je remontai
le cours de deux d’entre eux à un ou deux milles de
distance ; bien qu’ils fussent l'un et l’autre peu profonds
, leurs eaux se trouvaient à ce point aussi abondantes
qu’à leur embouchure. Seulement comme cela
arrive presque toujours dans les îles de l’Océanie, le
cours de ces torrens se resserre, leur pente devient
rapide, et d’énormes blocs qui barrent à chaque instant
leur lit finissent par arrêter les efforts du voyageur le
plus déterminé.
Au bord même de la mer, on trouve des ai’bres d’une
hauteur et de dimensions admirables qu’il serait très-
facile d’exploiter. La petite lisière de terrain plat qui
règne le long de la plage et qui a été formée évidemment
par les atterrissemens des torrens, semble d’une
prodigieuse fertilité, et l’on trouverait probablement
dans les coteaux voisins des terrains susceptibles de
culture. Il n’est pas douteux que ce point serait convenable
à un petit établissement. Les plantations plus
considérables ne pourraient avoir lieu que sur les
bords de la rivière de Maï-Tehai et dans les plaines
d’alentour.
MM. Quoy et Lottin qui s’étaient rendus à l’anse
des Torrens par te rre , en traversant l’isthme qui sépare
ce havre de celui de l’Astrolabe, vinrent nous rejoindre
vers onze heures. Nous parcourûmes ensemble
la petite vallée dont je viens de parler; nous y trouvàmes
quelques cases où les naturels avaient laissé
quelques-uns de leurs ustensiles, et à l’entour des plantations
de pommes de terre. Sans doute ce sont des
stations où les habitans de Maï-Tehai ou de Skoï-Tehai
viennent s’établir momentanément pour s’occuper de
la pèche, ou passer le temps de la récolte des pommes
de terre. Nous sommes rentrés tous ensemble à bord
à quatre heures et demie du soir.
MM. Guilliert et Dudemaine terminèrent dans la
soirée le plan détaillé de l’anse de l’Astrolabe, et les
sondes nombreuses dont il est accompagné ne laissent
rien à désirer à ce travail.
Le temps resta nébuleux avec de faibles brises. De
cinq à dix heures du matin, il tomba de l’eau, puis il
lit assez beau. Je n’avais que peu de jours à consacrer
à ce mouillage, et je ne voulais pas perdi'e un instant;
dès neuf heures j’étais à terre avec M. Lesson et Simonet
sur la grande plage au sud du mouillage. C’est
l’endroit le plus agréable et le plus riche en oiseaux de
toute la côte. Une bande étroite et sablonneuse, cou-
verle seulement de plantes herbacées, occupe le bord
de la mer ; elle est environnée par une immense et profonde
forêt d’un accès assez facile ; un beau torrent la
traverse dans toute son étendue, roulant ses eaux
abondantes sur un lit formé d’énormes blocs de granit;
sur divers points de son cours, il offre de belles
cascades au bruyant murmure, aux flots écumans.
De frais et délicieux ombrages retentissent du chant
varié des oiseaux, et cette image renaissante de la vie
contraste vivement avec le silence funèbre que j ’avais
1827.
Janvier.