
 
        
         
		jets  durant  des  années  entières,  travailler  pendant  
 tout  ce  temps  à  se procurer  les moyens  de  réussir ;  
 enfin les mettre à exécution au moment où ils  sembleraient  
 les avoir oubliés  depuis  long-temps. 
 Ainsi Doua-Tara consent à se  livrer trois ou quatre  
 fois  de  suite  à  la  discrétion  des  baleiniers  anglais,  
 malgré la triste  expérience qu’il  avait acquise  de leur  
 mauvaise  foi ;  il  s’abaisse  aux  fonctions  pénibles de  
 simple matelot, afin  de réussir dans ses projets de  civilisation  
 pour son  peuple , et  surtout pour  se procurer  
 les moyens d’introduire la culture du blé dans son  
 pays  >. 
 Animé  par  des  sentimens  bien  différens,  Shongui  
 poursuit  durant  douze  ou  quinze  ans  ses  projets  de  
 vengeance  et  de  destruction  contre Moudi-Panga et  
 le  peuple  de  Kaï-Para.  Il  caresse les baleiniers  qu’il  
 n’aime point, il accueille les missionnaires dont il méprise  
 la religion 2, et dont il paralyse constamment les  
 desseins ;  enfin  il quitte  son peuple et se dépouille de  
 sa puissance pour aller jusqu’en Angleterre,  tout cela  
 dans le seul but de  se  procurer  de  la  poudre  et  des  
 fusils 3. Muni de ces précieux objets  qu’il  a recueillis  
 au prix de  tant de maux,  de fatigues et de privations ,  
 Shongui  revient  chez  lui ;  il  marche  contre  son ennemi, 
  et consomme sa vengeance 4. 
 M.  Kendall,  qui  servait de  guide  à  ce chefintré- 
 I  Marsden,  d ü r v . ,   I I I ,  p.  s S î   et  suiv.  Nicholas,  dÜ r v .,  III,  p.  678.  
 —   2 D’U,ville,  III,  p.  676.  —   3  Cruise,  dÜ rv .,  I I I ,  p.  6 3 8 .  —   4  Mis-  
 sionnarr Regisier,  dÜ r v .,  I II,  p.  489. 
 pide, m’a raconté qu’au moment de sa  présentation à  
 Georges  IV,  Shongui  ne  parut  nullement  ému  du  
 faste et de la pompe qui l’environnaient,  et  qu’il conserva  
 autant  de  calme  et  de  sang-froid  en  face  du  
 monarque européen ,  que s’il  se fût trouvé avec un de  
 ses  collègues  de la Nouvelle-Zélande. 
 La nature  semble  avoir  doué ces  hommes  de  dispositions  
 égales  à  celles des Européens  pour  tous les  
 arts mécaniques  Les missionnaires  ont  vanté  leur  
 aptitude à toutes sortes de métiers ,  comme  charpentier, 
   scieur, maçon,  forgeron 2,  armurier,  e tc .,  et ils  
 ont  observé que les  enfans, pour  apprendre  à lire  et  
 à éc rire,  déploient une facilité  au moins égale  à celle  
 des enfans anglais 3. 
 Ils s’entendent très-bien aux affaires de commerce.  
 M. Nicholas  nous représente  Pomare  comme un négociant  
 habile,  intelligent  et  rusé ;  il  admire  surtout  
 sa  constance et son  activité pour accroître ,  par tous  
 les  moyens  qu’il  peut  inventer,  ses  ressources  en  
 poudre et en armes à feu 4. En général ceux qui ont eu  
 des relations fréquentes  avec  les Européens  sont  devenus  
 extrêmement défians et fort difficiles dans leurs  
 opérations  commerciales,  cela provient  de  ce  qu’ils  
 ont été souvent trompés.  Cependant  en ayant soin de  
 stipuler d’une manière très-ponctuelle ses conditions,  
 avant  de conclure  avec  eux  aucune sorte  de conven- 
 I  Cook,  trois.  V o y .,   I ,  p.  a o 3.  Kendall,  d’U rv .,  II I ,  p.  124.  Davis,  
 d’ü r v . ,   I I I ,  p.  4S6.  —   2  Cruise,  p.  i 3a .—   3  Kendall,  d’U rv .,  I I I ,  
 p.  244,  —   4  Nicholas,  I ,   p.  2 4 1 ;  d’U rv .,  II I ,  p.  6.02. 
 Intelligence.