
 
        
         
		sans  cérémonie. Ceux  des  esclaves  ne  peuvent jouir  
 de  ce  privilège;  ordinairement  ils  sont jetés à l’eau  ■  
 ou abandonnés en  plein  air 2. Quand  les esclaves ont  
 été  tués pour crimes vrais  ou prétendus,  leurs  corps  
 sont  quelquefois  dévorés  par  les  hommes  de  la  
 tribu  3. 
 Une  des  coutumes  les  plus  extraordinaires  de  la  
 Nouvelle-Zélande,  c’est  qu’à  la  mort  d’un  chef,  ses  
 voisins  se réunissent pour venir piller ses propriétés ,  
 et  chacun s’empare de ce qui lui tombe sous  la main.  
 Quand  c’est  le premier  chef d’une  tribu  qui  vient  à  
 mourir,  la tribu  tout  entière s’attend  à  être  saccagée  
 par les tribus voisines 4. Aussi  c’est  pour  elle  un moment  
 d’alarme  et  de  désolation  universelle ;  à moins  
 qu’elle ne soit puissante et qu’elle ne compte un grand  
 nombre  de guerriers disposés  à la  défendre,  la mort  
 d’un  chef entraîne  souvent  la ruine de sa  peuplade 5 .   
 Peut-être les ennemis  ou  les voisins d’une tribu choisissent 
 ils  de  préférence cette  occasion pour  l’opprimer, 
   parce  qu’en  ce moment,  outre  la  perte  de  son  
 chef qui  doit  naturellement  affecter  son  moral,  un  
 devoir religieux et indispensable  commande à ses  enfans  
 et à tous ses parens de se livrer à un deuil absolu,  
 et les empêche par conséquent de veiller à leur propre  
 défense. 
 1  Cook,  pveni.  V o y .,  I l l ,   p.  i 85.  Crozet,  d’ü r v . ,   I l l ,   p.  54.  F.  H a ll,  •  
 d’U rv .,  I I I ,   p.  467.  —   2  Cruise,  d’U rv .,  I I I ,   p.  645.  —   3  Cruise,  p.  1S4.  
 Blosseville,  d’Urv.,  I I I ,   p.  G96.  —   4  H.  Williams,  d’ü r v .,  I I I ,   p.  5 i 6 .  
 G.  Clarke,  d’U rv .,  I I I ,   p,  5 ao.  Stac k,  d’U rv  ,  I I I ,   p.  54o.  D’Urville,  I I ,  
 p.  23 o-  —   5  Kendall,  d’U r v .,  I I I ,   p.  zSp. 
 D’après les  idées  de  ces  hommes  sur  la nature  de  A n t i u o p o p h i   
 l’ame,  on  conçoit  facilement  que  le  plus  grand  ou-  s'°-  
 trage qu’un Zélandais puisse faire à son ennemi est de  
 le dévorer après avoir réussi à le mettre à m ort,  puisque  
 par  cette  action  non-seulement  il  détruit  l’être  
 actuel,  mais  il  anéantit  la  partie  spirituelle ,  le waidoua  
 de son ennemi,  qu’il fait servir à l’accroissement  
 de son propre waidoua.  A  cette  superstition,  la  plus  
 horrible  sans  doute  de  toutes  celles  que  l’homme  a  
 pu se créer,  l’on doit attribuer l’habitude qu’ont contractée  
 ces  peuples  de  manger  les  corps  de  leurs  
 ennemis.  Sur  le  champ  de bataille,  les  cadavres  des  
 chefs les plus distingués, bien que desséchés par l’âge  
 ou les infirmités,  seront toujours mangés les premiers  
 et de préférence aux corps plus appétissans des jeunes  
 guerriers  d’un  rang  obscur.  Ceci  démontre  que  les  
 préjugés  superstitieux  et les  plaisirs  de  la  vengeance  
 dirigent ces sauvages dans leurs festins barbares bien  
 plus encore  que  les  simples  besoins  de l’appétit physique  
 t.  A  cet égard,  nous partageons  complètement  
 les  idées  de  Forster,  Savage,  Nicholas,  Marsden, 
 Kendall,  etc.  2 
 Ces naturels si  empressés de se repaître de la chair  
 de leurs ennemis,  interrogés  par  les  Européens  s’ils  
 mangeaient  aussi  quelquefois  les  corps  de  leurs amis  
 ou de leurs parens , ont toujours répondu à cette question  
 avec les signes d’une indignation non équivoqueS.