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Lors de notre séjour à la baie des Ile s, la p lu p a rt des
guerriers étaient partis p o u r une expédition militaire que l’on
nous d it être dirigée contre les babitans d e là baie Shouraki.
C était sans doute cette armée composée d’une q uarantaine de
grandes pirogues p o rtan t chacune de vingt à quarante hommes,
que nous avions v u e , le 4 ma rs, lorsque nous étions p a r le
travers du cap Kokako (cap Brct de Cook). Réduire en esclavage
tous les prisonniers et manger tous les ennemis tués dans
le eom b a t, tel est le double b u t de ces expéditions qui sont
fréquentes et ardemment désirées. Un Zélandais ap p artenant
a la ü ib u au milieu de laquelle h ab iten t les missionnaires,
lu t mis à mort peu de jo u rs avant notre a rriv é e , uniquement
p o u r avoir désapprouvé cette dernière guerre.
Ce n ’est p o in t ici le lieu de p a rle r de la langue des babitans
de la Nouvelle-Zélande; mais une remarque que l’on ne peut
s empêcher de faire à la baie des Ile s, c’est que dans la numération
les Zélandais comptent p a r onzaines au lieu de compter
p a r dizaines.
{E x tr a it du Jo u rn a l de M . Gaimard.')
Quelles sont les privations qu’un semblable résultat
ne puisse faire oublier !
Après avoir parco u ru la moitié des côtes de la Nouvelle-
Zélande et vu un assez g rand nombre de ses b a b ita n s , nous
réunissons ici ce que nous avons à en dire. Cette te rre p a r sa
g ra n d e u r, comme p a r sa nombreuse p o p u la tio n , est certainement
une des plus importantes de l’Océan a u s tra l, malgré sa
position reculée vers le sud. Sa température ni tro p chaude ,
ni trop froide , est aussi saine q u ’elle est p ro p re à la culture
de toutes les p roductions d’E urope. Sur plusieurs p o in ts , sa
végétation, dans laquelle on distingue des fougères en arbres et
des Dracénas qui figurent des p a lm ie rs, ressemble à celle des
tropique s p a r son abondance et sa vigueur ; et malgré la p r ivation
des plantes qui fournissent à l’homme une n o u rritu re
a b o n d a n te , les beureuses influences dont nous venons de p a rler
o n t contribué au développement d’une des plus belles races
de la Polynésie. E n effet les navigateurs o n t remarqué qu’en
général les Zélandais étalent grands , ro b u ste s, d’une physionomie
agréable, q u o iq u ’ils la défigurassent, su rto u t les chefs,
p a r u n tatouage en incision , do n t la disposition ne contribue
pas peu à leu r faire p a ra ître à tous le nez aquilin , forme cepen
d an t assez commune parmi eux et qui est jointe à l’écarte-
ment des narines. Leurs cheveux sont lo n g s , noirs et lisses ,
ainsi que la b arbe, et leurs dents sont admirables. Le caractère
de la physionomie est aussi varié qu’en E u ro p e , et, p o u r to u t dire
en un m o t, nous trouvions dans ces insulaires des ressemblances
avec celles q u ’on nous a transmises de Brutus, de Socrate, etc.
La basse classe a les formes plus petites et moins belles ; peu
des individus en sont tatoués , privilège qui semble appa rten ir
aux g uerriers, et p a r conséquent aux chefs qui sont tous guerriers.
I l faut voir cet ornement p o u r jug e r combien il doit être
douloureux à acquérir. Les femmes sont loin d’approcher des
bommes en beau té . Pre sque toutes p e tite s, elles n ’o n t rien de
ce n a tu re l gracieux qu’on trouve quelquefois parmi les peuplades
n o n civilisées, que nous avons souvent rencontré aux
îles Sandwich. Les femmes des chefs sont seules tatouées aux
lèvres et sur les épaules d’une manière particuliè re.
Le p eu q u ’on sait sur le gouvernement des Zélandais offre
le plus gran d in té rê t p o u r ceux qui aiment à descendre dans
ces commencemens de civilisation. Ces deux grandes îles n ont
poin t de ch e f possédant une grande domination. Elles sont divisées
en trib u s innombrables qui o n t chacune le leu r p a rtic u lier
in d ép en d an t du voisin. Ce cb e f, loin d’être absolu sur ceux
q u ’il d irig e , ne p a ra îtra it avoir d’autre p ouvoir que celui que
lui donne l’opinion, et ne p e u t , dans tous les cas, forcer un
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