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 certains crimes, ont été réduits à cette triste condition. 
 Dans  ces contrées, comme chez les anciens peuples  
 de la Grèce  et de l’Asie, il paraîtrait  que la  condition  
 d’esclave imprime «ne sorte  de tache indélébile à ceux  
 qui  ont été obligés d’en  subir l’humiliation. Aussi les  
 malheureux  réduits  en  servitude  par  leurs  ennemis  
 cherchent-ils rarement à se soustraire à leur triste destinée  
 ', bien que cela leur soit souvent assez facile,  eu  
 égard  à la  surveillance peu sévère que l’on exerce sur  
 e u x ,  aux  forêts  et  aux  déserts  dont  la  Zélande  est  
 semée.  Ils se résignent à  leur position,  et  deviennent  
 quelquefois  des  membres  fidèles  de  leurs  nouvelles  
 tribus,  soit par  alliance,  soit par adoption,  soit par le  
 simple effet de l’habitude  et de la nécessité. 
 Occupations,  Les  esclaves  ou  serviteurs  travaillent  de  concert  
 avec les femmes et sous leur  direction à la culture des  
 champs  ;  ils  vont à la pêche,  ce sont eux  surtout qui  
 font  cuire les alimens  et les  présentent  à  leurs maîtres  
 2.  Cette dernière fonction leur a fait donner,  dans  
 ces  derniers  temps ,■  le nom  de  kouki ( corruption de  
 Ianglais  cook  ou  cuisinier),  au  lieu  de  wari,  serviteur  
 ,  qu’ils  portaient  plus  habituellement  auparavant  
 3. 
 Aujourd’hui  les  chefs  tirent  parti  de  leurs  jeunes  
 esclaves du sexe féminin,  en les  envoyant à  bord des  
 navires  européens  pour  trafiquer  de  leurs  charmes 
 avec les  gens de l’équipage.  Ces  pauvres malheureuses  
 sont  obligées de  rapporter à leurs maîtres  le  fruit  
 de  leur  prostitution,  ou  elles  courraient  le  risque  
 d’être maltraitées par eux '. 
 Bien que la  vie  des  esclaves  soit  entièrement  à  la  
 discrétion  de  leurs maîtres  2,  et que ceux-ci puissent  
 les mettre  à mort sans  plus  de  difficulté qu’un  Européen  
 n’en  éprouverait  à  assommer  son  chien ou son  
 âne 3,  et  sans  qu’il  en  résultât  pour  eux  des  suites  
 plus  fâcheuses ;  cependant  la  condition  de ces infortunés  
 n ’est pas  aussi  pénible  qu’on pourrait se  l’imaginer. 
   Quand  ils  ont une  fois  recueilli et  préparé de  
 quoi manger  pour  leurs  maures,  ils peuvent  le reste  
 du  temps  danser,  chanter  et  se  divertir  à leur  fantaisie  
 4. Certainement  leur  sort  est beaucoup moins à  
 plaindre que  celui  des  malheureux noirs  condamnés  
 à servir  les  Européens  dans  les  colonies ,  et  à  épuiser  
 du matin au  soir leurs forces dans un travail accablant  
 et sans cesse renaissant,  pour  satisfaire à la cupidité  
 de  leurs maîtres. Sous ce rapport,  le Nouveau-  
 Zélandais, tout sauvage qu’il est,  se montre un maître  
 plus  humain ;  il  maltraite  rarement  son  esclave,  
 malgré  le mépris qu’il lui  porte ,  et la différence des  
 hommes  libres  aux  esclaves  est  si  peu  sensible  aux  
 yeux d’un étranger,  qu’il  nous était  souvent fort difficile  
 de distinguer les uns  des autres S. 
 1  Cook,  deux.  V o y . ,   I ,  p.  a 5 i ,  271 ;  V ,   p.  3 5 x.  Cruise,  p.  i 4 o ,  172.  
 D’Urville,  I I ,  p.  174.  Quoy,  dÜ r v .,  I I ,   p.  287.  —   2  Marsden,  dÜ rv .,  
 I I I ,  p.  475. —   ^  J .  Butler,  d ü r v . ,   I I I , p.  400. —   4 D’Urville,  l l l ,   p. 679.  
 —   5  Nicholas,  d’U rv ,,  I I I ,  p.  600. 
 Condition. 
 I