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mêlé de p lu ie , nous paraissions être to u t-à -fa it au fond e t fort
près de terre. A la n u it on p rit le large p o u r revenir le lendemain
au p o in t que nous quittions. Nous ne faisions que peu de
rou te faute de v e n t, lorsque nous fûmes assaillis p a r une tempête
comme nous n ’en avions p o in t encore éprouvé. C’étaient
des tourbillons mêlés de plu ie allan t toujours en au gm en tan t,
au p o in t de ne po u v o ir plus conserver que la voile du g rand
é ta i, malgré la nécessité dans laquelle nous étions de faire
voile p o u r so rtir de l’enfoncement où nous nous trouvions et
passer au travers d’îles et de rochers peu connus. Au jo u r l’horizon
éta it tellement obscurci p a r la brume, q u ’on ne voyait pas
les o b je tsà c in q u an te toises. La mer à laquelle nous étionsforeés
de p rê te r le côté éta it prodigieusement grosse. Le i 6 , un
peu avant m id i, le ciel s’éclaircit p o u r nous m o n tre r des b r isans,
devant et à côté de nous, sous le v e n t, à la distance d’un
mille, et su r lesquels le vent e t la grosse mer nous jetaient. Ils
étaient inconnus et au moins à cin q lieues de la côte. Jamais
navire ne fu t plus près de sa perte to ta le , et p en d an t vingt
minutes que dura la manoeuvre nécessaire p o u r nous tire r de
cet immense p é r i l , nous eûmes sous les yeux le spectacle de
notre destruction la plus complète et sans que jamais il fût
resté de nous ou de notre navire les moindres vestiges , tan t la
mer était grosse et brisait avec fureur en s’élevant en écume à
la h au teu r de cinq u an te à soixante pieds. L o rsq u ’on cria des
brisans d e v a n t, le commandant v o u lu t virer de b o rd ; mais
aussitôt on vit qu’ils se p ro lo n g e a ien t su r les côtés et presque
de l’a rriè re ; nous ne pouvions man q u e r de tomber dessus. La
seule ressource qui restait était de ten te r de les doubler. L ’A s trolabe
fu t à l’in stan t couverte d’a u tan t de voiles q u ’elle en
p ouvait p o rte r et sc sauva p a r cette manoeuvre. Quelques minutes
plus t a r d , c’en é ta it fa it, et l’on eû t toujours ignoré quel
avait été son so rt. Ainsi a u ro n t p é r i, sans doute, les deux n a vires
de La Pérouse.
{E x tr a it du Jo u rn a l de M . Q u a y .)
i ;
Après avoir doublé le cap W a ï-A p o u (cap Est de Cook), en
co n tin u an t à faire la géographie de la côte orientale de la partie
no rd de la Nouvelle-Zélande, que les indigènes désignent sous
le nom d’Ika-Na-Mawi, nous nous trouv io n s, le i5 février, au
milieu de la vaste baie d’Abondance. Le g rand nombre d’îles et
de récifs que l’on y rencontre en ren d en t la navigation très-difficile.
P en d an t la n u it, nous reçûmes u n coup de vent d’une violence
peu commune. Le lendemain à n heures du matin, la tempête
co n tin u a it toujours, et l’horizon était tellement embrumé
que l’on ne distinguait rien à quelques toises du navire, lorsque,
le ciel s’éclaircissant to u t-à -c o u p , nous entendîmes aussitôt la
vigie s’écrier ; Des brisans devant nous !— Nous vîmes en effet
à quelques encâblures , et sous le v e n t, une longue chaîne de
brisans sur lesquels nous étions rapidement portés p a r le vent
et p a r u n e grosse mer q u i, en les fra p p a n t, s’élevait en to u r billons
d’écume â une h au teu r prodigieuse. Notre position
éta it éminemment périlleuse. Dans l’impossibilité de virer de
b o r d , M. d’Urville força de voile s, au risque de voir tomber
la m â tu re , et p en d an t plus d’u n q u a rt d’heure que nous mîmes
à doubler ces b risan s , nous eûmes constamment la mort sous
les yeux.
C’est su rto u t à la vue de)ce spectacle magnifique et de tan t
d’autres scènes qui o n t profondément ému notre ame, que nous
avons vivement regretté que des hommes tels que C bâ te au-
b rlan d ou Lamartine n ’en fussent les témoins. Que ne p ro d u ira
it pas le génie avec de tels so u v en irs!....
Jamais, jamais l’écho de la céleste voûte,
Jamais ces harpes d’or que Dieu lui-mème écoute,
Jamais des Séraphins les choeurs mélodieux
De plus divins accords n’auraient ravi les cieux!
LAMARTTNK A LO R D B Y R O N .
{E x tra it du Journal de M . G a im a rd .)
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