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1827.
Février.
gens de commettre de pareils larcins, et que nous châtierions
les voleurs sans pitié. Ce reproche et cette
menace parurent l’affecter profondément ; il s’excusa
en alléguant que ce crime avait été commis à son insu
par un étranger, par un esclave. Puis d’un air soumis,
il me demanda si je n’allais pas le punir pour cette
action. Je lui répondis qu’il n’en serait rien pour cette
fois, et lui souhaitai le bonjour amicalement, pour
m’occuper uniquement de la manoeuvre. Un instant
après , le bruit de coups frappés avec force et de cris
pitoyables partant de la pirogue de Rangui attirèrent
de nouveau mes regards de ce côté. Alors je vis Rangui
et Tawiti frappant à coups redoublés avec leurs
pagaies sur un manteau qui semblait recouvrir un
homme. Mais il me fut facile de distinguer que les
deux chefs astucieux ne frappaient que sur un des
bancs de la pirogue. Après avoir joué quelque temps
cette farce, la pagaie de Rangui se brisa entre ses
mains, l’homme fit semblant de tomber par te r r e , et
Rangui, m’interpellant, me dit qu’il venait d’assommer
le voleur, et me demanda si j ’étais satisfait. Je lui
répondis affirmativement, riant en moi-même de la
ruse de ces sauvages, ruse au reste dont il s’est trouvé
souvent des exemples chez beaucoup de peuples
plus avancés en civilisation.
On saura que Rangui et ses compagnons m’avaient
souvent demandé avec instance du plomb pour faire
des balles, objet que je n’avais pu leur accorder,
puisque nous en avions à peine suffisamment pour
notre usage. Sans doute, il fut impossible à ce chef
de résister à la tentation d’en posséder une si grosse
masse à la fois, et c’était par ses ordres que la sonde
avait été enlevée. Voyant le larcin découvert, il n’avait
pas hésité à le laisser sur le compte de l’esclave, et il
résolut d’apaiser ma colère par un simulacre de satisfaction.
Le vent faible et variable ne me permit d’avancer
que très-lentement par un fond de cinq ou six brasses,
le long de la belle ile de Waï-Heke. En approchant de
la passe, j’envoyai M. Guilbert sonder le canal Pakii,
et bientôt le pavillon rouge qu’il hissa m’annonça qu'il
avait trouvé moins de quatre brasses ; alors je me
déterminai à donner dans un canal situé sur bâbord et
que mon pilote Makara m’assura être praticable pour
notre corvette.
Ce nouveau canal n’a guère plus d’une demi-lieue
de large et se trouve encore resserré par un îlot
( Takoupou) situé vers son milieu. Je passai par le
bras du nord à moins de deux encâblures de ce rocher,
et n’ayant, durant long-temps, que quatre brasses
d’eau sous la quille, ce qui ne laissait pas que de me
causer quelque inquiétude. Bientôt le fond remonta à
sept ou huit brasses, la brise s’établit plus fraîche à
l’ouest, et nous filâmes rapidement sur des canaux
inconnus, dont une végétation riante décorait les
bords, et qui nous offraient à chaque instant les
plus agréables effets de perspective. C’est ainsi que
nous naviguâmes, durant deux heures environ, au
travers d’îles, tantôt hautes, accidentées et couvertes
de magnifiques forêts, tantôt plus basses et
1827.
Février.
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