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rochers de l’embouchure du Shouki-Anga, etc.,
M. Marsden nous apprend de quelle manière ce dernier
Atoua, offensé par les marins du Cossack, se
vengea de l’outrage commis envers les rochers sacrés,
en causant la perte de ce navire 2.
La première fois que les Zélandais virent les Européens
, ils les prirent aussi pour des divinités ou des
esprits armés du tonnerre et des éclairs 3. Ces insulaires
désignent tous les Européens, ou plutôt tous
les blancs, par le nom générique de pakeha. Je n’ai
jamais pu savoir d’où cette désignation tirait son origine
; ce qui m’a su rp ris, c’est qu’elle m’a semblé
adoptée sur les divers points delà Nouvelle-Zélande,
et cela donne beu de croire que cette dénomination
existait, même avant les voyages de Cook. Les Nouveaux
Zélandais avaient donc depuis long-temps connaissance
d’une race d’hommes distincte de celle à laquelle
ils appartenaient.
Tout récemment, ces sauvages ont souvent accordé
les honneurs divins à nos montres, dont le mouvement
et le mécanisme surpassent la poi-tée de leur intelligence,
et qu’ils ne peuvent considérer que comme
des êtres surnaturels 4.
M. Marsden demandait un jour k un insulaire comment
il se figurait l’Atoua ; celui-ci répondit : « Comme
une ombre immortelle 5. » Quand j ’adressais la même
ï Marsden, d’tJ r v ., I I I , p. 34a. — 2 Marsden, d’Urv., I I I , p. 475. —
3 Blosseville, dÜ r v ., II I , p , 699. Dillon, d’U rv ., I I I , p. 70 6 , 709, —
4 Nicholas, d’U rv ., I I I , p. 596. D ’Urville, I I , p. 178. — 5 Marsden^
d’U rv., I I I , p. 196.
question à Tonal; ce chef disait que l’Atoua était un
e sp rit, un souffle tout-puissant, en laissant échapper
tout doucement son haleine pour mieux exprimer sa
pensée.
Cependant les Zélandais croient que l’Atoua revêt
quelquefois une forme matérielle. Par exemple, ils sont
convaincus qu’une personne , attaquée d’une maladie
mortelle, est tombée au pouvoir de l’Atoua, qui s’est
introduit dans son corps sous la forme d’un lézard , et
qui lui ronge les entrailles ', sans qu’il soit possible à
aucun pouvoir humain de lui résister 2. En général
l’aspect du lézard impose à ces hommes une fi’ayeur
superstitieuse très-remarquable , et pour rien au
monde ils ne voudraient toucher à ce reptile 3.
La présence de l’Atoua s’annonce le plus souvent,
dit-on, par un sifflement bas et sourd. Du moins c’est
ainsi que celui de Kaï-Para révélait son approche, au
dire du prêtre Moudi-Akou 4. On sait que la même
opinion régnait à Taïti.
Les roulemens du tonnerre leur inspirent une te rreur
religieuse, ce bruit présage les batailles 5. Les
naturels s’imaginent que l’Atoua , sous la forme d’un
immense poisson, produit ce bruit, et ils lui adressent
des prières pour le supplier de ne point leur faire de
mal non plus qu’à leurs amis. Cette opinion n’aurait-
elle pas son origine dans les explosions volcaniques ,
ï Nicholas, d’U r v ., II I , p. 6 a 3. Cruise / à^JJrv., I I I , p. 660. Kendall,
d’U rv ., II I , p. 234. — 2 Nicholas, I I , p. 3o 3. L e ig h , d’U rv ., I l l , p. 4 71 .
— 3 Nicholas, I I , p. la S . Cndse, p. 320. — 4 Marsden, d’U rv ., I I I ,
p. 442. — G H. Williams, d’U rv ., I I I , p. 525.