î
1827.
Mars.
reçut avec tous les indices d’une vive reconnaissance.
Wetoï me quitta de bonne heure avec tous ses guerriers
, en m’annonçant qu’il partait le lendemain pour
la baie Shouraki où l’appelaient les lois de l’honneur et
ses devoirs de chef. Il laissa à bord toutes ses esclaves,
en ayant soin de les recommander à ma bienveillance
et à celle des officiers.
Peu après, j’ai reçu la visite de MM. Williams et
Davis a qui j’ai montré la route que nous avions tenue
le long de la côte. Ils en ont paru très-surpris, ainsi
que des détails que je leur ai donnés touchant nos
communications avec les naturels. Au sujet des arbres
que j’avais observés dans la baie Tasman et au fond de
la baie Shouraki, la conversation est tombée sur les
bois de construction de cette partie du monde. Les
missionnaires m’ont assuré que le meilleur était le bois
dekoudi. D’après la description quejeleur ai donnée,
ils ont pensé que celui dont je parlais était le kaï-
katea, habitant des lieux marécageux , arbre très-
élevé , très-droit et d’un bel aspect, mais dont le bois
est beaucoup trop léger et trop cassant pour être employé
avec succès, soit pour les constructions, soit
pour la mâture. Ces messieurs ajoutèrent que les deux
espèces croissaient en abondance dans les forêts de
Kavra-Kawa, et s’offrirent fort obligeamment à m’y
conduire, si j’étais curieux de les examiner moi-même.
Malgré les occupations dont j ’étais accablé, cette offre
me parut si séduisante que je l’acceptai avec empressement
; je leur promis d’aller les prendre le lendemain
matin au soleil levant. Ils m’assurèrent qu’ils ne
connaissaient aucune carte de la Nouvelle-Zélande
postérieure à celle de Cook ; les découvertes accidentelles
faites par quelques navires n’ont point été publiées
, et le chirurgien Fairfold seul s’est occupé de
donner une esquisse du plan de la baie des Iles ;
c’est celui dont ils se servent aujourd’hui.
La chaloupe a encore fait deux voyages à l’eau, et
on a commencé à couper du bois. Ces travaux ont été
favorisés par le calme et un assez beau temps.
Dès trois heures du m a tin , accompagné de
MM. Lottin, Gaimard et Lauvergne, je m’embarquai
dans le grand canot, et je me dirigeai vers Pahia. Une
jolie brise de S. E. nous poussa promptement près de
Tapeka ; ensuite à l’aviron, et favorisés par la m arée,
nous atteignîmes facilement l’îlot situé devant l’embouchure
du Waï-Tangui. Lejour commençait à peine
à poindre, et nous fûmes étonnés d’entendre un murmure
confus de voix qui semblaient partir du sein des
flots. Un moment après , nous aperçûmes un grand
nombre de pirogues , les unes immobiles, les autres
en mouvement, qui couvraientles rives de l’île. J ’appris
plus Urd que ces pirogues formaient un détachement
de la flotte entière de la baie des Iles, qui avait tenté
de sortir la veille , mais qu’une brise contraire avait
forcée de rentrer. Comme les Grecs en Aulide, ces
insulaires attendaient des vents plus propices, et
peut-être pour ressembler de tous points aux vainqueurs
de Troie, il ne manquait à leurs héros qu’un
Homère. Il est sûr, du moins, que le sacrifice d’une
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