
z H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Jannés , c’eft-à-dire , Jean Lecanomante ,.8c avoit
été lu i-même archevêque de Theffalonique : mais
il faut parcourir la fujte de fa fortune.
Léon étudia la grammaire 8c la poétique à Conf-
tantinople, la rhetorique,la philofophie 8c l’arith-
metique dans l’Ifle Antros, oùil en apprit les principes.
Mais voulant en fçavoir davantage, il reviht en
terreferme 8c parcourut les monafteres, d’où aïant
< tiré des livres, il fe retira fur le haut des tnontagiies
B<i7 ôc fe donna entièrement à l'étude. S’étanfainfif en-
» , ! v du le plus fçavant homme de ion tems dans la philofophie
8c les mathématiques, c’eft-à-dire,Tafith'-
metique,la geometrie 8c la mufique, il revint à C.P.
où il menoit une vie tranquille Sc retirée dans un
petit logement , recevant ceux qui venoient le
trouver 8c leur enfeignant telle fci^nce qy’ils vou-
loient.
Entre plufieurs qui profitèrent de fes leçons, un
jeune homme très fçavant en geometrie fe fit fe-
cretaire d’un capitaine , le fuivit à la guerre, fut
pris par les Mufulmans, 8c devint efclave d’un des
shj>.i. avu ». plus illuftres d’entre eux. Le calife Almamon , qui
regnoit alors, étoit, comme j ’ai dit, très-curieux des
fciences des anciens Grecs , particulièrement des
mathématiques. Le jeune captif aïant oui parler
chez fon maître de la curiofité du calife pour la
geometrie ; dit qu’il voudrait bien l’en entendre
parler lui 8c fes maîtres ; parce que lui-même en
avoit quelque connoiffance. Le calife le fit venir
en fa prefence avec fes mathématiciens, à qui le
june captife montra qu’ils ne fçavoïent que les dé-
L i v r e c i k q ^u a n t i e ’ m e : ' j
finitions 8c les axiomes, 8c non pas les démonstrations.
Ils l’admirerent, 8c lui demandèrent combien
il y avoit à C. P. d’hommes auffi fçavans que lui.
Il répondit qu’il n’étoit qu’au rang des diiciples ;
leur parla de fon maître, 8c leur décrivit fa vie pauvre
8c retirée.
Almamon renyoïa aufli-tôt le captif avec une
lettre pour le philofophe Léon, où il l’invitoit à le
Venir trouver , promettant de le combler d’honneurs
8c de richeffes : mais Léon craignant de fe
rendre fufpeét , fi l’on fçavoit qu’il eût reçu une
lettre de l’ennemi de l’empire ; la donna au logo-
thete Theoéfifte , qui en parla à l’empereur. C’é-
toit Théophile qui regnoit alors, 8c qui aïant ainfi
connu le mérité de Léon , le fit v en ir , l’enrichit,
8c le logea près de l’églife des quarante martyrs ,
pour enfeigner publiquement. Le calife Almamon
voïant qu’il ne pouvoit le tirer de fon pa ïs , lui pro-
pofa par lettres plufieurs queftions de geometrie
8c d’aftronomie -, 8c fut fi fatisfait de fes réponfes,
qu’il écrivit à l’empereur Théophile , le priant de
le lui envoïer pour un peu de tems ; 8c offrant pour
pet çffet cent centenaires , c’eft-à-dire, dix mille livres
d’o r; 8c une paix perpétuelle. Théophile ne ju- glov Gr
gea pas à propos d’cnvoïer Léon : au contraire il cmun.
le fit ordonner archevêque de Theffalonique , par
le patriarche Jean Lecanomante.
i Léon fe fit aimer de fon peuple , particulière- *• l8*
ment à l’occafion d’une grande famine , dont ils
-crurent qu’il les avoit délivrez , en leur marquant
le tems auquel ils dévoient femer, qu’il préten-
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