
i^c H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
^ g5(J languefefervent encore aujourd’hui. Quand il fut
venu chez les Chazares, il y convertit tous ceux que
les Sarazins ou les Juifs avoient feduits ; 8c qui pleins
de reconnoiffance le renvoyant à l'empereur , lui
offrirent de grands prefens. Mais il lesrefufa, & demanda
feulement la liberté des captifs.
Après le retour de Conftantin à C.P.Bartilas prince
de Moravie, ayant appris ce qu’il avoitfait chez
les Chazares, envoya auffi desambaffadeursà l’empereur
Michel, difant que fon peuple avoit renoncé
à l’idolâtrie, 8c vouloir embraffer la religion
chrétienne,mais qu’ils n’avoient perfonne capable
de les inftruire. L’empereur y envoya Conftantin
avec fon frere Methodius, 5c fournit abondamment
aux frais de leur voyage. Les Moraves eurent une
grande joye de leur arrivée,parce qu’ils apportoient
l’évangile traduit en Sclavon,8c des reliques de faint
Clement pape , que Conftantin avoit trouvées pendant
qu’il étoit à Cherfone. Ils envoyèrent dortc au-
devant d’eu x , 8c les reçurent avec grand honneur.
Les deux freres commencèrent à travailler à leur
million , à enfeigner aux enfans les lettres qu’ils
avoient inventées 8c les offices ecclefiaftiques ; 8c à
defabuferce peuple de plufieurs erreurs. Ils demeurèrent
en Moravie quatre ans 8c demi, 8c y laiffe-
renc tous les livres neceffairespourlefervice de l’e-
. glife. Le pape Nicolas ayant donc appris de fi agréables
nouvelles, écrivit à Conftantin 8c à Methodius
de le venir trouver. Ils rendirent grâces à Dieu de
l’honneur que le pape leurfaifoit, ôc fe mirent auffi-
tôt en chemin pour R om e , avec quelques-uns de
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leurs difciples, qu’ils jugeoinc dignes d’être ordonnez
evêques.
Mais Photius ayant appris que les légats envoyez
par le pape en Bulgarie, avoient rejette le crème
qu’il avoit donné, 8c fait une nouvelle onêtionpour
confirmer , tant les grands que le peuple de cette
nation, il en fut tellement irrité , qu’il réfolut de fe
venger du pape Nicolas, 8c de le dépofer lu i-m ê me.
Pour cet effetil fuppofaun concile oecuménique,
où il faifoit préfider les empereurs Michel 8c
Bafile , avec des légats des trois grands fiéges d’O-
rient. Tout lefenat y affiftoit avec tous les évêques
de la dépendance dé C. P. il y paroiffoit des accufa-
teurs qui publioientavec des lamentations pitoyables
les prétendus crimes du pape Nicolas, 8c en
demandoient juftice au concile. On voyoit des témoins
dont les dépolirions appuyoient ces plaintes:
mais Photius prenoit le parti du pape Nicolas, ôc
difoit qu’il ne falloitpas condamner un abfent. Les
évêques du concile refutoient fes raifons, 8c cédant
bien-tôt aux leurs, il recevoir les accufations contre
le pape Nicolas, 8c examinoit fa caufe. Enfin il le
eondamnoit pour mille crimes fuppofez ; prononçant
contre lui une fentence de dépoiition, 8c d’excommunication
contre ceux qui communiqueroient
avec lui. Après avoir dreffé ces aêles tels qu’il lui
plût, il les fit foufcrire par vingt-un évêques, mais
il y ajouta tant de fauffes fouferiptions, 4ju’il y en
avoit environ mille. On y voyoit celles des deux
empereurs, des trois légats d’O rient, detousles fe-
nateurs, de plufieurs abbez 8î de plufieurs clercs.
An. %66.
LV.
Photius dé-
pofelepape.
Metrop. epijt.
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