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Vita per O dor* Itb, x. c. 4 , Ç.
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598 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
bares de Palmat en Périgord, avec les dix moines
qu'il'go uvernoit, s’écoit retiré auprès du comte Rai-
mond.
Saint Gerauld étoit d’une famille très-noble, fils
d’un autre Gerauld, auiïi feigneur d’Atirillac, comte
tres-riche & très-vertueux. Il naquit l’an 855. fut
élevé dans la pieté , & fuivant fa naiiTance dreffé aux
exercices de la chaife & des armes : mais une longue
indifpoiitiori l’obligea à. les interrompre ,■ &i porta
fesparensâl'appïiquer plus long-temps aux lettres. I f
y prit tant de .goût, qu’après avoir recouvré fa famé,
quoiqu’il réüifit fort bien aux exercices du corps, il
continua d’étudier, & fçavoit prefque toute la fuite
des faintes écritures. A la mort de fes parens il fe
trouva maître de plufieurs grandes terres , & d’un
grand nombre de ferfs, dont elles étoient peuplées j
& s’appliqua à les gouverner avec beaucoup de juf-
tice & de prudence. Aïant arrêté fes regards fur la
fille d'un de fes ferfs, qui étoit très-belle, il fuccom-
ba à la tentation , jufques à faire venir chez lui le
pere & la fille : mais il ne paffa pas outre , &. étant
revenu à fo i, il fortit quoique de nuit & par un grand
froid, renyoïa celle qui' l ’a voit tenté, & prit foin de
la marier. Il perdit enfuite la vûë pendant plus d’un
an, ce qu’il regarda comme un châtiment de fa faute.
D ès lors il ne fouffrit plus de filles chez lui, & s’appliqua
à mortifier fon corps. Il renonça au mariage ,
& refufa la feeur de. Guillaume duc d’Aquitaine ,
& plufieurs autres grands partis. Comme on lui
reprefentoit qu’il devoit des fuccefleurs à fon il-
luftre famille, il difoit qu’il valoit mieux mourir
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fans enfans que d’en laiffer de mauvais.
Il étoit le prote&eur des foibles & des opprimaz ;
& ne portoit les armes que pour ce fujet. Car comme
le malheur des temps & la foibleife du gouvernem
ent ne permettoient pas toûjours le cours de
la juftice réglée : les feigneurs étoient réduits â fe
faire juftice à main armée, comme des fouverains ;
<Sc Gerauld comme les autres, quelque répugnance
qu’il y e û t, fe refolut par le confeil des perfonnes
les plus fages , à repouffer la force par la force. En
quoi il ufa de toute la modération poifible , épargnant
le fang, & traitant genereufement les prifon-
niers. Auiïi dans ces petites guerres, il eut ordinairement
ljvantage ; & l’on regarda comme des miracles
plufieurs marques qu’il y reçût de la protection
divine.
Ses aumônes n’avoient point de bornes : il ne
renvoïoit aucun pauvre, quelquefois il leur faifoit
drelfer des tables, & il fe trouvoit aux diftributions,
pour s’aifurer de la nourriture qu’on leur donnoit ,
jufques à en faire lui-mêmé l’eifai. Ses officiers lui
tenoient toûjours prêt quelque mets à leur fervir.
O utre les furvenans , il en nourriffoit règlement un
certain nom bre. Cependant il vivoit lui-même très-
frugalenaent. Il ne foupoit jamais , fe contentant le
foir d’une legere collation : à dîner fa table étoit bien
fervie , & il convioit des perfonnes doCtes ou pieu-
fes , avec qui il s’entretenoit de la leûure qu’on fai-
foit toûjours pendant le repas. Le refte de la journée
s’emploïoit à regler fes affaires, terminer des
différends», inftruire fes domeftiques, vifiter des hô