
L I.
Lettre de Photius
contre le concile.
Epifi, 1 17.
308 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Nous n’avons les aêtes entiers du huitième concile,
que dans cette veriîon latine d’Anaftafe : les a&es
grecs qui font imprimez n’en font qu’un abrégé, fait,
à la vérité, affez judicieufement, mais où l’on a beaucoup
retranché de l’original.
Cependant Photius loin de s’humilier, témoignoit
fon mépris contre le concile, par les lettres qu’il
écrivoit à fes amis. Voici comme il parle à un moine
nomme Theodoie : Pourquoi vous étonnez-vous
que les profanes préfîdent aux aiTemblées des plus
illuftres prélats ? que les condamnez prétendent juger
; que les innocens leur foient préfentez, environnez
d’épées, afin qu’ils n’ofent même ouvrir la
bouche ? Vous en avez plufieurs exemples anciens &
nouveaux. Anne, Cai'phe & Pilate jugeoient ; &
Jefus mon maître & mon Dieu, & notre juge à tous
étoit préfenté & interrogé. Il ajoute les exemples de
faint Eftienne, de faint Jacques évêque de Jerufalem
& de faint PauU & continue : Toute la cruauté des
perfecuteurs contre les martyrs, nous fournit de tels
exemples. Ceux qui avoient plufieurs fois mérité la
mort étoient affis gravement, revêtus du nom de
juges ; ceux dont le monde n’étoit pas digne, corn-
paroifloient devant eux, pour être jugez a mort. Ne
vous étonnez donc point de ce que l’on ofe faire, &
ne croi'ez pas que la patience de Dieu foit une preuve,
qu’il abandonne les «hofes humaines : il difpofe tout
pour notre biçn, par les fecrçts impénétrables de fa
providence.
Photius écrit encore au même : Quoique jufques
à prefent il foit fans exemple, de transformer en
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évêques les députez & les efclaves des impies Ifmaë-
lites, de leur donner les privileges des patriarches ,
& les mettre à la tête d’un conciliabule ; ne le trouvez
pas étrange, c’eft une fuite de leurs autres en-
treprifes. Ils fçavoient que la grace du facerdoce leur
eonvenoit également aux uns & aux autres : une
telle aiTemblée méritoit d’avoir pour prefidens, les
envoïez des ennemis de J . C . Et qui auroit pû s’af-
fembler avec eux, pour exercer leur fureur contre
tant de prêtres de D ieu , finon les miniftres & les
éleves des ennemis de Dieu ? Leur concile eft un brigandage
de barbares. On n’a produit ni témoins, ni
accufateurs, ni formé aucune plainte particulière.
Les martyrs, c’eft-à-direlui St fes complices,étoient
environnez d’une armée de foldats l’épée à la main:
qui les menaçoient de mort : enforte qu’ils n’ofoient
ouvrir la bouche. On les faifoit tenir de bout des
fix heures & des neuf heures entières , parce qu’on
ne fe lafloit point de les infulter. C ’étoit comme une
reprefentation de theatre : où l’on faifoit paroître
divers prodiges, &c on lifoit l’une après l’autre des
lettres barbares, remplies de blafphêmes : il veut dire
les lettres latines. Enfin le fpeétacle finiffoit fans aucune
apparence d!a£tion ni de difeours raifonnable :
mais par les clameurs infenfées comme en des Bacchanales.
On crioit : Nous ne fommes pas venus
pour vous juger, nous vous avons déjà condamnez ;
il faut vous fourrtettre à la condamnation. Quoiqu’un
attentat fi impie, fi impudent, fi inoiii, pafle
tous ceux des Ju ifs , que le foleil a vûs & que la lune
A cachez, l’infolence des païens, la fureur & la ftu-
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