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3J° H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
J S Ie dire vous-même, vous avez l’âge &' la permiffion
C de répondre. Il répondit : Que* mes clercs le difent.
Le prêtre Fagenulfe étant pris à ferment dit : Il eft
vrai qu’il ne peut difpofer de rien. Le roi lui dit :
Nommez les perfonnes qui l’ont dépoiiillé >; & j’en
ferai juftice félon la loi. Fagenulfe dit : C ’eft vous
qui l’avez dépoiiillé.
Alors le roi fe leva, & dit au concile : Ce frere
ne dit pas vrai. J ’ai appellé l’évêque de Laon à ce
concile par mes lettres , fuivant l’ufage de mes pré-
decêifeurs : enfuite j’ai été bien informé, que des
hommes libres de mon roïaume qui lui apparte-
noient mettaient infidèles. J ’ai ordonné au comte
& à mes cbmmiifaires de me les envoïer ; l’évêque
a fait armer des hommes libres & des ferfs, pour re-
fifter à mes commiifaires. D’ailleurs j’ai appris, qu’il
venoit au concile avec tous fes gens à main armée :
quoique j’euife ordonné, tant à lui qu’aux autres évêques
d’y venir avec peu de monde : afin que le refte
de leurs vaifaux fût prêt à défendre-le pai's contre
les Normands. J ’avois donc ordonné qu’Hincmar
n’amenât aU concile que dix ou douze hommes, outre
les clercs & les valets : j’ai appris enfuite, qu’il
avoit fait évader ces hommes, dont la fidélité m’eft
fufpeéte, avec les biens de l’églife ; & qu’il vouloir
s’enfuir avec eux, pour ne pas venir au concile. Pour
l’en empêcher, je lui ai envoie des gardes : mais à
la charge, que s’il vouloit Venir , ils lui en laiflaf-
fent toute la liberté ; fe ëontentant de l’obferver de '
loin tout à l’entour, de peur qu’il ne fuivît les fugitifs.
Hincmar étant arrivé ic i, n’a point voulu d’a-
L i v r e c i n q u a n t e - d e u x i e ’m e . ' ^ 3V
bord aller au logis que fes gens lui avoient préparé, g
Je lui en ai offert un près de leglife, qu il a accepte ^
& j’ai donné ordre qu on lui gardat fes coffres. Mais
enfuite.il eft allé à fon logis, où les coffres ont été
portez fains entiers : & quand il a voulu aller à
l’églife lui ou les fiens , perfonne de mes gens ne les
ont empêchez. Voila des clercs & des laïques nobles,
par qui je le puis prouver.
Les témoins produits par le soi furent oüts : Far
genulfe & les autres clerçs de Laon, reconnurent la
vérité de leurs dépositions : mais 1 eveque Hinc.mar
varia dans fes réponfes. Il fut donc prouve, que le
jour même il avoit dit a Irminon fon prêtre, de prendre
en cacheté un calice d’onyx garni d’or & de pierreries
avec fa patene, que le roi avoit donne a Notre-
Dame de Laon ; de peur qu’on ne le trouvât dans fes
coffres : qu’il emportoit avec lui des reliques , que
Pardulus fon prédecefleur avoir données à 1 eglife ,
entr’autres une. croix dor ornee de pierreries, donnée
par la reine Irinentrude ; de plus, les titres &c les
papiers de l’églifg«!
Hincmard de Laon preffe de tendre la croix qu il
portoit fur lui , dit qu'il la rendroit', fvfon métropolitain
le lui ordon.noit. Hrecmjir .de ..Reims voïant
qu’il vouloit aufli l’accufer de le depeüiller , tira le
livre des canons, & dit : Je ne vous 1 ordonne que
fuivant ces réglés. Il fit lire un canon du concile
d ’Antioche, marquant la diftinction des biens de
l’églife & des biens de l’évêquè. Après quoi le roi
dit : Hincmar de Laon eft du nombre ,des éyêques
pauvres : quand il fut facre il eft évident qu d n a -