
An. 86ï.
Tom. 8. conc.p.
1 1 6 3 .ppisï. Styl,
p. 14 0 1, Nie.
p< 12.10.
34 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
le marbre le vifage endeffous, Sc de deux femaines
qu il fut dans cette prifon, lui en firent palier un e
fans manger, fans dormir Sc toûjours debout. Enfin
ils le montèrent fur le coffre de marbre où étoit
le corps de Copronime, dont le haut étoit en arrefte;
Sc après 1 y avoir affis, ils lui attachèrent aux pieds
degioffes pierres, accompagnant ces tourmens d’injures
Sc de railleries. Apres qu’il eut paffé toute la
nuiten cette cruelle pofture, ils le détachèrent Sc le
jetterent fi rudement fur le pavé, qu’il fut teint de
fon fang. il refpiroit a peine, étant de plus travaillé
d’un cours de ventre. En cet état Théodore , l’pn
des trois lui prit la main de force Sc lui fit marquer
une croix fur un papier qu’il tenoit, Sc qu’il porta
enfuite a Photius. Celui ci y ajouta : Ignace indigne
patriarche de C. P. je confeffe que je fuis entré
ians décret d eleétion,Sc que j ai gouverné tyrani-
quement. Apres qu on eut envoyé àl’empereurcette
prétendue foufcription , Ignace fut délivré de fa
prifon, Sc fe retira au palais de Pôle , qui étoit la
maifon de fa mere , ôc où il eut un peu de relâche.
Ce fut là, comme l’on croit,qu’il fit fa requête au
pape. Elle fut compofee par Theognofte moine Sc
archimandrite de Rome Sc exarque de C. P. au nom
d Ignace , de dix métropolitains, quinze évêques
Sc un nombre infini de pretres Sc de moines. Ignace
y raconte la perfecution qu’il a foufferte, Sc prie le
pape de prendre fa caufe en main , à l’éxemple de
fes predeceffeurs. Cette requête fut portée au pape
par Theognofte même, qui fit le voyage de Rome
fecrettement ôc en habit feculier ; ôcinftruifit le pa-
L i v r e c in q u a n t i e ’ m e .' 3 j
pe de tout ce qui s’étoic paffé. Cependant Photius
n’étant pas encore content, confeilla à l’empereur
de faire ramener Ignace à Téglife des apôtres
; où il monteroit fur l’ambon pour y lire fa
dépofition, Scs’anathématifer lui-même,puis on lui
arracheroit les yeux 8c on lui couperoit la main.
Lejourde lapentecôte, qui cette année 861. fut le
vingt - cinquième de Mai , Ignace vit tout d’un
coup environner fa maifon d’une multitude de fol-
, dats armez. Alors il fe revêtir d’un pauvre habit feculier
d’un de fes efclaves , chargea fur fes épaules
un bâton ou pendoienc deux corbeilles,Scfortit ainfi
comme un portefaix â la faveur de la nuit, fans être
apperçu de fes gardes, il marchoit fondant en larmes
accompagné de fon difciple Cyprien , 8c fans
être découvert il s’embarqua ôc paffa aux isles du
prince de Proconefe, Sc en d’au très de la Propontide:
changeant fouvent de demeure Sc fe cachant dans les
cavernes, les montagnes Sc'les lieux deferts,oùiI
fouffroit de grandes incommoditez,Scvivoit de cha-
ritez des fideles,réduit à la mandicité, tout patriarche
qu’il étoit,Scfilsd’empereur.Photius ayant manqué
fon coup, lefaifoit chercher dans tous les monafteres
Sc toutes les villes.ll envoïa même Oryphas
drongaire de la flotte avec fixbâtimensdecourfe j
pour chercher Ignace dans toutes les isles Sc toutes
les côtes, Sc fi on le trou voit, le faire mourir comme
un rebelle qui renverfoit l’état. Il fut plufieurs fois
rencontré , mais fon habit d’efclave l’empêcha toujours
d’être reconnu.
Au mois d’Août la ville de C. P. fut agitée d’un
E ij
A n. Stfi.