
Chrétiens, mais peu en remplirent les devoirs. Je
penfe encore combien, avant ces derniers ravages,
j’ai vu par toute l’Angleterre d'églifes- bien fournies
d’ornemens & de livres : mais les ecclefiaftiques n’en
tiroient gueres d’utilité, parce qu’ils ne les enten-
doient pas ; & nos ancêtres ne s’étoient pas avifez de
les traduire en langue vulgaire, parce qu’ils ne s’ima-
ginoient pas, que jamais on tombât dans une. telle
négligence.
J ’eftime donc très-à-propos, que nous traduirions
en notre langue les livres dont nous croirons que
l’intelligence eft plus neceffaire à tout le monde ; &
que nous faffions en forte, que toute la jeuneife An-
gloife, principalement ceux qui font nez libres, &
ont de quoi fubfifter, apprennent à lire avant toute
autre inftrudion, pour profiter de ce qui eft écrit
en Anglois. Enfuite on enfeignera le Latin-à ceux
que l’on voudra pouffer plus loin dans les études.
C ’eft dans cette vûë, qu’au milieu de toutes les affaires
de ce roïaume, j’ai entrepris de traduire en
Anglois le paftoral : rendant quelquefois les mots,
quelquefois le fens, félon que je l’aurois appris de
mon archevêque Plegmon, d’Affer mon évêque, de
Grimbald & de Jean mes chapelains. J ’en ai en-
voïé un. exemplaire en chaque fiége épifcopal du
roïaume, avec une écritoire de cinquante marcs.
Et je défends au nom de Dieu, que perfonne note
l’écritoire d’avec le livre, ni le livre de l’églife : parce
que nous ne fçavons pas combien de.temps il y aura
des évêques auffi inftruits, qu’il y en a maintenant
par-tout. C eft pourquoi je veux que ces livres de-
L l V R E CINQUANTE-QUATRIE’m E. j y i j
meurent toûjours à.leur place. Si ce n’eft que l’évê-
que veuille les avoir, ou les prêter à quelqu’un, pour
les tranferire.
Ce fage roi fit tenir grand nombre de conciles ; car x.
on peut mettre en ce rang les affemblées générales de
la nation, qu’il ordonna de faire au moins deux fois 1) • $ / • . Llu« X. t7l Jl■ an , qui n etoient compolees.que des évêques & des
feigneurs, & où les évêques avoient toûjours la principale
autorité. On remaque entr’autres un concile
tenu en 886. à Londres, que ce roi avoit repeuplée,
après avoir été long-temps défeïte, & qui commença
à devenir la capitale de l’Angleterre. Il envoïoit à
Rome ¿Fe temps en temps des aumônes, comme en
887. Si les trois années fuivantes.
Il partageoit en deux tout fon revenu, & em- u.t. 1,.
ploïoit en oeuvres pies une moitié, qu’il fubdivifoit
en quatre parties : la première pour toutes fortes de
pauvres -, la fécondé, pour l’entretien des deux mo-
nafteres qu’il avoir fondffz, Altenei pour des hommes
& Schafbury pour des femmes, dont la première
abeffe fut fa fille Athelgeve; La troifiéme
partie de cette fubdivifion étoit pour les écoles qu’il
avoir établies -, & la quatrième pour tous les mo-
nafteres, non feulement d’Angleterre, mais de deçà
la mer. Il partageoit auffi fon temps en deux, donnant
la moitié de la journée aux exercices de religion ,
l ’autre aux affaires & aux befoins du corps. Il en-
tendoit tous les jours la meffe, celebroit l’office divin
à toutes les heures, & alloit même la nuit à J’é~
glife fecretement. Il donnoit du temps à la le dure
& à la méditation ; & pour cet effet, il portoit toû-
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