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A n . 8 t f i . Quand il fut dans Téglife des apôtres, on lui en-
Libell. ihetgn. t. voya le pretre Laurent Sc deux Eftiennes; l’un foû-
s.conc.p.ni«. djacrej 1 autre laïque, qui lui dirent: Comment
avez-vous ofevous revêtir des habits facrez étant
condamné Sc dépofé pour tant de crimes î Ils l’arra-
cherent par force deceuxquil’accompagnoient, &
le prefenterent feul à l’empereur Michel, qui auffi-
tôc le chargea d’injures. Ignace dit, que les injures
etoient plus douces que les tourmens; Sc l’empereur
un peu appaifé, le fit affeair fur un. banc de
bois.
Apres un peu de converfàtion,Ignace obtint per-
miifion de parler aux Légats Rodoalde & Zacarie,
& il leur demanda le fujet de leur voï,age. Ils répondirent
: Nous Tommes légats du pape Nicolas,
qui nous a envoyez pour juger votre caufe. Il leur
demanda encore, s’ils avaient apporté des lettres du
pape pour lui. Ilsrépondirent que non , parce qu’on
ne le regardoit pas comme patriarche, mais comme
dépofé par le concile de fa province, ôc qu'ils
étoient prêts de proceder félon les canons. Ignace
dit : Chaifez donc auparavant Tadultere;.c’eft-â-dire„
Photius, ou fi vous ne le pouvez, ne foyezpas ju ges.
Les légats montrant de la main l’empereur, répondirent:
Il veut que nous lefoyons. Alors ceux
qui étoient autour de l’empereur, commencèrent à
preifer Ignace de donner fa démiflion,, tantôt par
prières, tantôt par menaces. Ne pouvant le perfua-
der, ils fe tournèrent vers les métropolitains,& leur
firent divers reproches, en difant : Vous auriez peut-
etrefouffert fa. renonciation, 8c vous, le demandez.
L i v r e c i n q u a n t i e’ m e . a? . /
m a i n t e n a n t pour patriarche. Les métropolitains re- ^ n .
pondirent : De deux maux qui nous menaçoient, la
colere de l’empereur 5c le foulevement du peuple,
nous avons choifi le moindre. Mais vous rendez le
fiége au patriarche, & ne vous mettez pas en peine
de nous. Les officiers de l’empereur recommencèrent
à exhorter Ignace, 5c à lui demander fa démif-
fion expreffe : afin que Photius demeurât paifible
poiTeiTeur de Téglife de C P. U refufa toujours; ôc
ainfi finit cette journée 5c Taffemblee fe fepara»
On continua pendant plufieurs jours à preifer
Ignace: mais il refufa toujours fa demiffion. On le
cita donc encore par les mêmes officiers; fçavoir,
Laurent ôc les deux Eftiennes comme miniftres des
juges, pour comparoître au concile. Ignace d it, qu'il
n'iroit point, parce qu’il ne voyoit point que les
juges fiffent rien félon les réglés de Téglife. Car,
ajoûta-t-il comme parlant aux légats du pape, vous
n'avez point chaffé Tufurpateur ;, au contraire vous
mangez avec lu i, Sc vous avez reçu de loin fespré-
fens, il vous a envoyé jufques à Redefte des habits
5c des reliquaires. Je ne vous reconnois point pour
juges, menez-moi au pape, je fubirai volontiers fora
jugement. Tous ceux qui etoient avec Ignace en dirent
de même; ôc il pria ceux qui venoient le citen
d'entendre la leéhire des lettres qu’il envoyoit aux
évéques pour être rendues au pape. Il y alleguoit la
lettre du pape Innocent, en faveur de faint Chry fo-
ftome, portant qu’il ne devoit comparoître en jugement,
qu’après être rétabli dans fon fiége, &c le
canon quatrième de Sardique, que quand un évêque
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