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foufferte. Mais Photius étoit fchifmàtique dès auparavant,
ôc s eft fait ordonner par Grégoire vo lontairement,
fans que perfonne l’y obligeât, maigre
la protestation de quelques évêques qui font ici
prefens.
Zacarie vouloit répliquer ; mais les légats du
pape dirent à l’empereur , qu’il étoit inutile de les
oiiir tant de foisdifputer fur une chofe jugée. Alors
le fecretaire Conftantin monta fur la tribune , 8c
lut un long difcours au nom de l’empereur , pour
exhorter les fchifmatiques àfe réunir. Sondez, leur
dit-il, le fond de votre confcience , ôc vous trouverez
que vous avez mal fait de vous féparer. Nous
fommes à la derniere heure , mes freres , le juge
eit a la porte, qu’il ne nous furprenne pas hors de
fon églile. N ’ayons point de honte de découvrir
notre mal, pour y chercher le remede. Si vous craignez
tant cette confufion, je vous montrerai l’exemple
de vous humilier ; tout ignorant ôc tout pecheur
que je fuis , je vous inftruirai vous qui êtes favans
ôc exercez dans la vertu. Je me profternerai le premier
fur le pavé , au mépris de ma pourpre ôc de
mon diadème. Montez fur mes. épaules, marchez
fur ma tête ôc fur mes yeux, je fuis prêtàtoutfouf-
frir, pourvu que je voyelaréünion de l’églife , Sc
que je fauve mon ame , jenefai ceque j’ai pu faire ,
que je n’aye pas fait. Penfez à vous déformais ; je
fuis innocent de votre perte. Quittez donc, mes freres,
l’efprit de contention ôc d’animofité, ôc reprenez
l’efprit d’union ôc de charité ; paifez du bon
fo t é , ôc vous joignez à votre chef. Ne vous mettez
L i v r e c i n q j i a n t e -u n i e ’m i . 2.7.1
point en peine du temporel ; nous avons bien des r
moyens de vous confoler ôcde vous foûtenir. Nous
intercéderons de tout notre pouvoir auprès de vos H p lM
peres ôc vos patriarches , pour ufer de difpenfe ôc
vous traiter doucement.Seulement ne vous obftinez
pas a chercher votre perte, ôc ne négligez pas une
occafion fi favorable ; n’attendez point d’autres
temps, ôc des changemens qui ne vous ferviroient
de rien, quand même ils arriveroient.
Les légats du pape, ôc ceuxd’Orient approuvèrent
1 exhortation de l'empereur ; louant la douceur ôc
1 expofant aux violences exercées en faveur de Photius.
L'empereur dit encore aux fchifmatiques, qu’il
leur donnoit fept jours de temps, après lefquels, s’ils
ne fe foumettoient, ils feroient jugez par le concile.
Puis on termina la feifion par les acclamations ordinaires.
La feptiéme fut tenue quatre jours après, favoir xxx vn;
le vingt-neuvième d’0 6 tobre,8c l’empereur y affifta w S “
encore. Par fon ordre, lepatriceBahanes ditauxle- ,IC'
gats :L e délai accorde a Photius étant expiré, nous loiIv
l’avons encore amené au concile, ôc fi vous l'ordonnez
il entrera. En effet, il y avoit dix jours depuis la
cinquième feifion, ou il avoit été prefenté. Les légats
dirent: Q u il entre. Photius entra s’appuyant
lut un bâton, ôc avec lui Grégoire de Sÿracufe. Marin
légat du pape, dit : Otez de fa main le bâton ,
qui eft une’marque de la dignité paftorale ; il Qe
doit pas 1 avoir, c eft un loup ôc non un pafteur. On
lui ôta, & les légats du papedirent: Demandez lui
5 il 3 penfe a lu i, ôc s il veut faire le libelle d’abjura