
An. 869.
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Pf, XXXVI11.
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Vf. v x x i.
H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
George , un laïque de la fuite des légats du pape
nommé Léon, & deux de la fuite des légats d’Orient,
Cyriaque & Jofèph. Ces fix députez eurent charge
de dire à Photius : Le concile vous demande il vous
voulez y venir, Sc s’il diioit que non, de lui en demander
la raifon,
Quand ils furent revenus , on fit lire publiquement
la réponiè de Photius, qui étoit uYous ne
m’avez jamais appellé au concile , & je m’étonne
pourquoi vous m’y appeliez maintenant ; mais je
n’irai pas volontairement. J ’ai dit : Je garderai mes
. voies, pour ne pas pecher par ma langue. J ’ai mis
un frein à ma bouche. Lifez le refte. Il vouloit d ire
les paroles iuivantes du pièaume : Quand le pecheur
fe prefèntoit contre moi. Après.avoir oüi fà réponiè,
les légats du pape dirent : Nous ne l’appelions pas
pour apprendre de lui quelque choie ; mais pour
terminer en fa prefence cette affaire , qui a tant
donné de peine à l’églife Romaine & aux églifes
d’Orient. Tous les évêques demandèrent qu’on le
fift venir ; & Elie fyncelle de Jefuiàlem diéta cette
nomination pour lui envoyer : Puifque vous avez
traité de pecheursceux qui compofent ce fàint concile
, les légats, les évêques, le fènat, détournant mal à
propos les paroles du prophète 5 nous difons qu’étant
plein d’oçuvres des ténebres, vous fuyez la lumière.
Mais il eft écrit : Serrez leur bouche avec le mors
& le caveçon , de- peur qu’ils ne vous approchent.
L ’autorité du concile avec celle de l’empereur exécutera
cetïe parole du prophète. Cette nomination
ayant été portée & lûë à Photius , il répondit :
Puifque
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Puifque vous me faites venir par force, il eft inutile j
de m’interroger. Après avoir oüi fa réponfe; on lui I?'
envoya une fécondé monition, qui portoit : Nous
vous avons appellé, fuivant l’ordre de l’églife, efpe-
rantque vous viendriez volontairement; mais étant
uti pecheur manifefte, vous avez refufé d’entrer
dans le concile, de peur d’être condamné. C’eft
pourquoi par cette fécondé monition nous ordonnons
, que vous y ferez amené malgré vous. Enfuite
on le fit entrer dans le concile.
Alors les légats du pape dirent au fenat : Qui eft
cet homme qui fe tient debout à la derniere place
de ce concile ? Les fenateurs répondirent : C’eft Photius.
Les légats reprirent : Eft-ce là ce Photius qui a
donné tant de peine a l’églife Romaine depuis plus
de feptans ? qui a renverfé de fond en comble l’églife
de C. P. & fatigué jufques à prefent les églifes
mêmes d’Orienr? Les fenateurs dirent : C ’eft lui. Les
légats du pape demandèrent s’il récevoit les ordonnances
des peres.Les fenateurs dirent qu’il falloit
l’interroger, &c le 1 ui firent demander parGeorge concierge
du palais ; mais Photius ne répondit point. Les
legatsdu pape lui firent lamêmequeftion, & y ajoû-
terent:R.ecevez-vous l’expofition du pape Nicolas i
Et il ne répondit point.Recevez-vous ce qu’a fait le
pape Adrien fonfucceifeur? qu’il parle, qu’il parle.
Photius continua de ne point répondre. Les légats
ajoutèrent : Nous avons oüi dire qu’il eft éloquent,
& nous favons que c’eft un prévaricateur & un adultéré
; qu’il parle , qu’il parle. Photius dit : Dieu entend
ma voix fans que je parle. Les légats du pape
Tom. X L K k