
An. S 6 j leverent ^e s ^3 C S 8c les portèrent à l’empereur. Les
ayant ouverts, on y trouva deux livres ornez en
dehors d’or 8c d’argent, avec des couvertures violettes,
en dedans curieufement écrits 8c de belle lettre
, dont l’un eontenoit les aéfes fuppofez d’un
concile contre Ignace, l'autre eft une lettre fynodi-
que contre le pape Nicolas.
Ce prétendu concile étoit divifé en fept aétions,,
ôt a la tête de chacune, il y avoit des mignatures de
la main de Grégoire Afbeftas évêque de Syracufe,,
car il etoi t peintre. Enla premiere, on voyoit Ignace
traîné 8c battu de Verges, 8c fur fa tête cette infcrip-
.tion: ho diabolos, e’eft-à-dire, le détraéfeur. En là
fécondé, on le tiroir encore avec violence,, 8c on
Eccli. X. y. crachoir fur lu i, 8c l’infcription étoit : Commencement
du péché. En la troifiéme on te dépofoit, 82
l’infcription étoit : Le fils de perdition. En la qua-
a. n,/. n. ;. trieme, on l’envoyoit lié en exil, 8c l’infcription
etoit : L’avarice de Simon le magicien. En la cinquième,
il avoit le cou chargé de fers, 8c l’infcription
étoit: Qui s’élève au deffus de tout ce qu’on
x.ïhe/. ii. 4. appelle £)jeu} o u q U ’ o n adore. En lafixiéme, on lé
condamnoit, 8c l’infcription étoit : Abomination de
défolation. Enlafeptiéme, on le traînoit encore 8£
on lui coupoit la tête, 8c l’infcription étoit: L ’An-
techrift. Dans ces aétes il y avoit cinquante-deux
chefs d’accufation contre Ignace, tout manifefte-
ment faux, 8c à la fin de chacun, on avoit laiifé
une ligne de blanc pour y ajouter ce que l’on
voudroit.
La lettre fynodalecontenuë dansl’autreYolume-,
L i v r e c i n q u a n t e - u n i e’m e . k î j
étoit remplie de calomniesScd’inj ures contre le pape —-----
Nicolas, inventé pour fervir de fondement à la dé- 8er7*
pofition 8c à l’anathême, que Photius avoit prononcé
contre lui. Il avoit fait écrire deux exemplaires de
chacun de ces deux livres, dont il avoit gardé l’un
par devers lui, 8c envoyé l’autre à l’empereur Louis
en Italie par Zacharie 8cThéodore, mais ils furent
arrêtez en chemin par ordre de l’empereur Bafile,qui SuP-
s’étant faifi de ces quatre volumes, 8c les ayant montrez
au fenat, puis a l’églife, découvrit les fourberies
de Photius, au grand étonnement de tout le mondes
8c garda ces livres dans le palais.
Le Dimanche vingt-troifiéme de Novembre, l'a x j
même année 86.7. l’empereur Bafile tint une aflem-
blée dans le palais de Magnaure, où il fit venir le
patriarche Ignace, 8c lui donna de grandes louanges.
C ’étoit à pareil jour que neufans auparavant il avoit
étéchaffé. Ce jour-là donc il rentra folemnellement S"P-’ • I-*'*
dans fon églife, avec un grand applaudiiTement de
toute la ville. On celebroi-tlameffe, le prêtre difoit
ces paroles de la préface : Rendons grâces au fei-
gneur, 8c le peuple répondoit : Il eft digne, il eft j u-
fte, ce qui parut un heureux préfage. Caries Grecs
y faifoient grande attention, 8c les hiftoires du tems
en font pleines. Ignace étant ainfi rétabli dans fon
fîége, interditlesfonéfionsfacrées, non-feulement
à Photius 8c à ceux qu’il avoit ordonnez , mais encore
à tous'ceux qui avoient communiqué avec lui,
8c pria l’empereur d’indiquer un concile oecuménique,
pour remedier à tant de fcandales. On envoya:
doticauifi-tôt àRome Euthymius fpataireou écuy ep
X iij