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Eft-il vrai, difoit-on, qu’il y ait des femmes, qui
par des maléfices mettent une haine irréconciliable
entre le mary ôc la femme,& enfuite un amour très-
ardent , & qui puiflent ôter ôc rendre l’ufage du mariage
? Hincmar le croyoit ; ôc en général,que Dieu,
pour punir les pechez des hommes , permettoit aux
démons de faire beaucoup de mal par les forciers.
Que les évêques devoienty veiller,& prêcher forte-
tement contre les facriléges.Mais, ajoûte-il, s’ils ne
fe corrigent,il faut les arrêter, & fi ce font des ferfs,
employer pour leur correêtion le foüet ôc les tour-;
mens : s’ils font libres, les enfermer pour faire pénitence.
Si ces corrections eccléfiaftiquesnefuffifent,
le roi doit les ôter de deffus la terre.
Si l’on revient à un nouveau jugement, ôc que
Thietberge foit trouvée coupable, Lothaire pourra-
t-il fe remarier à une autre? Hincmar répond : Si le
premier mariage eft déclaré nul,felonlesloixeccle-;
fiaftiques ôc civiles, Lothaire peut encontraderun.
autre : mais tant que le mariage fubfifte, quelque
caufe de féparation qu’il y ait, on ne peut de part ni
d’autre fe remarier. Si le roi a commis des crimes
qui méritent penitence publique , pourra-il fe remarier
en cas qu’il foit libre d’ailleurs ? on peut le
luipermettre,pour évite£,l’incontinence.Pourra-t-il
en ce cas époufer celle avec laquelle il auroit commis
adultéré pendant le mariage precedent : Il le
pourra en cas qu’il foit libre, & après avoir fait pe-,
nitence.Eft-il vrai que les évêques doivent prendre
ladéfenfedeceuxqui fefontconfeifez à eux, Ôc em-j
pêcher qu’ils nefoient pourfuivis devant les tribu-
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ïiaux feculiers,pour ces mêmes crimes, quoique con
nus d’ailleurs.Cette prétention eft abiurdejôe la pro-
tedionqueles évêques donnent aux pecheurs, ne
doit jamais arrêter le cours de la juftice.
Ceux qui avoient envoyé ces queftions à Hincmar
, lui en envoyèrent fix mois après fept autres en
forme d’objedions, fçavoir : Le roi Lothaire ayant
dans fan royaume des évêques ôc des feigneurs, qui
ont jugé la caufe entre lui ôc fa femme, les évêques
d un autre royaume ne peuvent en prendre connoif-
fance. Il n’eft pas raifonnable de renouveller une
caufe une fois jugée par des évêques; ôc c’eft anéantir
leur autorité. Les autres archevêques, excepté le
pape , ne font pas de plus grande autorité, que ceux
qui ont jugé cette caufe; & fi leur jugement eft cafte,
les évêques qui y ont eu part doivent être dépofez.
A ces trois objedions Hincmar répond, qu’elles font
fchifmatiques, que l’églife eft Une dans tous les
royaumes,ôc que fuivant les canons on peut appeller
d’un concileparticulier à un plus nombreux,ôc enfin
au pape. On difoit encore pour Lothaire : S’il ne lui
eft pas permis de prendre une autre femme, on l’obligera
bon-gré mal-gré à reprendre Thietberge; 8c il
trouvera quelque expédient pour s’en délivrer.C’eft
un roi qui n’eft fournis au jugement que de Dieu
feu l, ôc qui ne peut être excommunié, ni par les
evêques de fon roïaume, ni par d’autres. Enfin on
demandoits’il étoit défefidude communiquer avec
lui. Hincmar répond que l’on ne forcera point Lothaire
à reprendre Thietberge, parce que la réconciliation
entre mari ôc femme doit être volontaire :
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