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Photius dit donc avoir appris avec'douleur, que quelques
Occidentaux foutiennent, que le faint Efprit ne
procede pas feulement du Pere , mais encore du Fils.
Il combat cette doétrine, premièrement par la tradition
: prétendant que le pape faint Léon a enfeigné
que le faint Efprit ne procedoit que du Pere ; & que
Léon III. a declaré la même chofe en faifant graver
le fynabolefans addition fur deux Boucliers d’argent.
sup.iiv.xLv. it. JyLÛs il y a bien de la différence entre dire que le faint
I^jprit procede du Pere, fans parler du Fils, ôc nier
expreffément qu’il procede du Fils.
Photius emploie enfuite contre la doétrine catholique
, les mêmes raifonnémens à peu près de fa
lettre aux Orientaux, écrite fous le pape Nicolas, &
fup.h.tt.f6. s’efforce de répondre aux preuves, tirées tant de l’écriture
que des peres : avoiiant toutefois que quelques
uns d’eux ont dit que le faint Efprit procedoit
du Fils. Enfin il fait valoir l’autorité des légats du pape
Jean, qui dans le concile tenu à C. P. avoient dé-
sup.u.i). claré, & de vive vo ix , & par leurs foufcriptions ,
qu’ils étoient d’accord fur ce point avec les Grecs.
Mais il ne parle point de la lettre du pape, Jean. Il
conclut que l’églife Romaine tenant fur cet article
la même doéfcrine , que les quatre autres églifes patriarcales
, ceux qui la rejettent font des enfans rebelles,
que tout le monde doit condamner,
r xlvii. Les Sarrafins faifoient toûjours de grands rava-
J&uMliai!"' ges en Italie. Dès le temps du pape Jean , appuïez de
chr. s. nue. paiiiance d’Athanafe évêque. ■Duch. «. ypag. » . a & duc de Napr les, i,ls
w- . ■ pilloient le territoire de Benevent, de Rome & de
s» p . t v .L i i . » . < , p 0 j e t e j £ S j f l g s v o j f ¡ n e S j principalement les églifes
L i v r e c i n q ü a n t e -t r o i s i e ’ m e . 541
& les monafteres. C ’étoit 1 ufage des deux monafte-
res du Mont-Caffin & de faint Vincent du Volturne
de fe vifiter de temps en temps charitablement, pour
s’entretenir deleur obfetvance. Un jour donc que des
moines du Mont-Caffin étoient venus à ,S. Vincent ;
tout d’un coup Sangdam chef des Sarrafins parut avec
fes gens. Les moines du Mont-Caffin épouvantez; fe
retirèrent au plus vite à un château voifin dépendant
de leur monaftere : ceux de S. V incent cacfterentI-out
le tréfor de leur églife ; & laiffiant les anciens pour la
g a rd a , marchèrent avec leurs ferfs au-devant des
infidèles. ‘ V
Ils les rencontrèrent près d’un pont fur le Vo l-
turne, dont les moines difputerent long-temps le
paffage aux Sarrafins à coups de pierres ; & avec les
armes qu’ils avoient pû trouver. Mais quelques-uns
de leurs ferfs fatiguez du combat, fe dérobèrent,
allèrent trouver le chef des Sarrafins ; &c offrirent de
le mener au monaftere, s’il leur promettoit la vie
la liberté. Il leur promit encore de plus grandes
récompenfes ; & ainfi ces traîtres conduifirent une
grande partie des troupes vers le monaftere , qu’ils
environnèrent, le brûlèrent, & pafferent au fil de
J ’épée les vieillards qui y étoient demeurez : enforte
que les murailles & le pavé de l’églife furent longtemps
teints de leur fang. Les autres moines qui
combattoient encore , ne s’apperçurent de la trahi-
fon , qu’en voïant le monaftere en feu, & voulant
s’oppofer â ceux*qui venoient de le brûler, ils fe trouvèrent
enfermez entre les deux troupes des enne-
¿nis, Ils en sucrent beaucoup : mais enfin le nombre
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