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Saine Athanafe
évêque de Naples.
V it a au et.
Wstra. C&ff*
3 7 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
exeufe la dureté , Se s'étend fût les louanges du roi.
Nous avons appris, dit-il, de plufieurs perfonnes
vertueules j & principalement de notre confrère Ac-
tard, que vous êtes le plus grand amateur & protecteur
des églifes ; qui foit au monde : enforte qu’il n’y
a dans votre roïaume, >ni évêque , ni monaftere ,
que vous n’aïez enrichi de vos biens ; & que vous
foühaiteriez ardemment d’honorer le fiége de faint
Pierre, de répandre vos liberalitez fur fon vicaire &
fon clergé, & de les défendre de tous leurs ennemis.
Et enfuite : Tenez fecrette cette lettre, & n’en faites
part qu’à vos plus fideles ferviters ; nous vous affu-
rons & vous promettons, que iî vous furvivezà notre
empereur. & nous auifi : quand on nous donne-
roit plufieurs boilfeaux d’or , nous ne reconnoî-
trons jamais d’autre empereur Romain que vous; &
dès-à-prefent, ce cas arrivant,, le clergé, le peuple
& la nobleife de Rome' vous defire pour chef, roi,
patrice, empereur & défenfeur de 1 eglife. Quant
a Hincmar de Laon , le pape déclare , qu’il ne veut
prendre connoiifance de fon appel que fuivant les
canons : & promet après qu’il fera venu à' Rome ,
d’en renvoïer le jugement fur les lieux. C ’elHa dernière
lettre que nousaïons du pape Adrien,qui mourut
vers la fin de cette année 8 7 1.
La même année mourut auifi faint Athanafe évê--
que de Naples. Cette ville étoit deflors une des plus
confiderables d’Italie , par la pieté de fes habitant?
& la multitude des églifes & des monafteres : on y
celebroit l’office divin en Grec & en Latin , & il y
avoir quelquefois deux évêques, pour les deux na-
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tions. Athanafe étoit frere de Grégoire gouverneur
de la ville, & en fut ordonnéévêque en 850. n’étant
âgé que de dix-huit ans : tant les canons étoient alors
mal obfervez. Grégoire étant mort, eut pour fuc-
ceifeur fon fils Sergius, homme leger & interreifé &c
tout-à-fait différent du pere. L’évêque fon oncle le
reprenoit fouvent, & lifi donnoit des avis falutaires,
que la femme de Sergius ne pouvoit fouffrir ; & lui
d ifoit, que s’il vouloit être le maître dans Naples |
non-feulement il devoit ne point défereraux remontrances
de l’évêque : mais l’éloigner de la ville , ou
même le faire périr.
Sergius perfuadé par fa femme, fit cacher chez
lui des gens armez; & aïant mandé l’évêque Athanafe
, fous prétexte de tenir un confeil, le fit arrêter
, dépouiller de fes habits facerdotaux & mettre
dans une étroite prifon. Toute la ville en fut émuë 5
Sc vint le redemander à Sergius. Les Grecs &c les
Latins ,. les-prêtres & les moines vinrent au palais,,
&c Antoine abbé venerable par fon âge & par l’au-
fterité de fa vie , fe mit à la tête du clergé, fe faifanC
foûtenir à caufe de fa foibleffe. Il fit de grands reproches
à Sergius, & le menaça de fa perte & de
celle de toute la ville, s’il ne lui rendoit fon pafteur.
Sergius demanda du temps pour délibérer, &les ren-
voïa jufques à trois fois. Enfin , voïant que le clergé:
menaçoitde dépoiiiller tous les autels,& de le frapper
lui-même d’un anathême perpétuel : il rendit l’évêque
au bout de huit jours Si feignit de lui demander
pardon : mais il retint fes freres qu’il avoir auifi arrê