
A n . 886.
L IV .
Normans devant
Paris.
Chr. de Norm,
gefi. Duc h.. ta. i .
p. 517 .
Tulco• ttp. Tlod.
ïv . c. 5.
5 56 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
pape & l’archevêque de Reims, il y en eut une dû
pape, tant à lu i, qu’à Aurelien de Lion & aux autres
eveques des Gaules , fur les plaintes de l’églile
de Bourges , contre l’invafion de Frotaire archevêque
de Bourdeaux. Car on'foûtenoit, que le pape
Jean ne lui avoit accordé le {îége de Bourges, que
par provifion : pour autant de temps que Bourdeaux
feroit occupé par les barbares. Le pape Eftienne ordonne
donc aux archevêques, d’obliger Frotaire à
retourner à fon fiége , fous pçine d’anathême , s’il
n’obéit.
Ce n etoit pas fans fujet que Foulques fe plai-
gnoit des Normans. Jamais ils ne firent en France
de plus grands ravages. Dès l’année 883. au mois
d’Odtobre, ils entrèrent dans la Tierache & paife-
rent la riviere d’Oife. Quoique le roi Carloman les
eut battus , ils ne laiîferent pas d’avancer jufques à
Vermand , •& brûlèrent faint Quentin & N. Dame
d’Arras. Enfuite ils fe mirent fur la Saône , & aïant
contraint le roi & fon armée à fe retirer en deçà de
l’Oifè, ils établirent à Amiens leur quartier d’hiver.
De-la ils faifoient des courfes continuelles : renver-
fant les églifes , brûlant les villages, prenant les
Chrétiens captifs , tuant les autres : en fo*tc que les
chemins étoient femez de corps morts, de clercs,
de nobles, d’hommes, de femmes, d’enfans. Plu-
fieurs Chrétiens renonçoient à leur religion , pour
fe joindre aux Normans , ou du moins le ¡nettoient
fous leur proteftion. Enfin on traita avec eux , &
on leur donna douze mille livres pefant d’argent,
moyennant quoi ils fe retirèrent au mois de No-
L l V R E C I N Q U A N T E T R O I S I E M E . 5 3 7
vembre 884. une partie alla paifer la mer à Boulogne
, l’autre alla prendre fon quartier d’hiver à Lou-
vain , au roïaume de Lothaire. Pour leur fournir
cette groife contribution , on dépouilla les églifes &
leurs ferfs. Mais peu de temps après le roi Carloman
fut bleffé à la chaife & mourut le fixiéme de Décembre
884. dans la dix-huitième année de fon âge , &
la fixiéme de fon regne. Les Normans llaïant apris,
revinrent aulfi-tôt dans le roïaume ; & comme les
feigneurs fe plaignirent qu’ils ne gardoient pas leur
parole , ils répondirent : qu’ils n’avoient traité qu’avec
le roi Carloman -, & que fon fucceffeur leur devoir
donner une pareille fom m e, s’il vouloir qu’ils
le laiflaifent en repos. Les feigneurs épouvantez
de cette réponfe, envoïerent.offrir leur obéilfancc
à l’empereur C harles, qui vint en France & y fut
reconnu ro i: mais il retourna aulfi-tôt en Allemagne.
.
Les Normans profitant de l’occafion recommencèrent
leurs ravages ; & les François- pour les arrêter
, fortifièrent quelques places fur les rivieres : entre
autres Pontoife , que les Normans affiegerent en
Novem bre 88y. & l’aïant prife par com poütion , la
brûlèrent. D e-là ils marchèrent à Paris, voulant rem
onter la Seine , & paifer outre.' Ils avoienttant de
barques, que la riviere en étoit couverte plus de deux
lieues d u ran t, en forte qu’on ne voyoit point l’eau.
Leur roi Sigefroi alla trouver Gozlin évêque dé
P aris, lui difant qu’ils ne demandoient que le paf*
fige. L’évêque répondit , que l’empereur Charles
leur avoit confié cette ville , & qu’ils la lui garde-
A a a a iij
Ân. Met.
Chr. Norm*
Abbo. de beitL'
Tarif, lib. i .