
88 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
les canons Scies décrets des papes ordonnent de terminer
dans les conciles provinciaux. Que fi en la
caufe d’un évêque, nous ne trouvons point de dédiions
certaines dans les canons : alors nous devons
avoir recours à l’ofaele, c’eft-à-dire, au faint fiége.
Même fi un évêque a été dépofé par le concile de la
province, Sc n’a point choifi des juges d’appel, il
peut appeller au pape, fuivant le concile de Sardi-
que. Il n’y a que les métropolitains qui doivent
être jugez en première inilance par le pape, dont
ils reçoivent le pallium.
Quant à Rothade, Hincmar prétend l’avoir long-
temsfouifert, Sc fou vent averti, Sc n’en être venu
à le juger qu’après l’avoir trouvé incorrigible. Depuis
fa dépofition, ajoute-t-il, j ’ai obtenu que le roi,
duconfentement des évêques, lui donna une très-
bonne abbaye, afin qu’il vécût en repos. Mais on
allure, que des évêques du royaume de Lothaire
aigris contre nous, de ce que nous ne Tommes pas
de leurs avis touchant Valdrade, 8c des évêques de
Germanie pouffez par leur r o i , dont je n'ai pas
pris le parti comme Rothade, pour dépouiller ion
frere de fon royaume : on prétend que ces évêques
ont excité Rothade à remuer, fefaifant fort d’obtenir
de vous fon rétabliffement, Maintenant fuivant
vos ordres, nous avons obtenu du roi de vous l’envoyer:
mais nous ne l’avons pas rétabli. Premièrement,
parce qu’il étoit déjà parti, 8c qu’il étoitim-
poffible d’affembler un concile, comme il eût été
necefTaire. Enfuite, parce que les évêques, quicon-
iioiifent fon indignité & fa négligence pour fes
devoirs,
L i v r e C i n o u a n t i e ’m e . ^ 89 ' .
devoirs, fe moqueroientde m o i, 8c croiroient que 4 *
j ’aurois perdu l’efprit, fi je parlois de fon rétabliffe-
ment. Ec enfuite : Si vous le rétablifïîez, le connoif-1- i f f
fanttel qu’il eft , nous n’aurions point la confcien-
ce chargée des ames que vous lui auriez confiées, 8c
je le fouffrirois patiemment; nous fçavons tous la^iji.
foumiffion que nous devons au faint fiége. Vous
voyez bien toutefois , que ce feroit fomenter en ces
païs-ci le mépris des fuperieurs, 8c la liberté de violer
les canons. Lesecclefiaftiques, 8c encore plus les
feculiers, ne méprifent déjà quetropnosjugemens:
difant ce que j e ne dois pas vous rapporter, pour ne
pas vous déplaire. Si déformais dans nôtre province,
quelqu’un commet desa&ions dont la plainte
puiffevous être portée comme caufe majeure, je l’a-
vertirai, pour ne me pas rendre coupable devant
Dieu. S’ilfe corrige , à labonne heurei finoii je le
renvoïerai à votre jugement,8cs’il n’y veut pas aller,
il fera ce qu’il lui plaira ,.pour moi j ’en ferai déchargé;
Je ferai obligé d’en uferainfi , pour ne pas recevoir
fi fouvent de vôtre part des lettres contenant
des menaces d’excommunication ; quoique les peres
marquent qu’il n’en faut ufer que rarement, 8c pour
grande neceffité. Que fi les difeours des méchans
prévalent contre nous , nous ne devons pas beaucoup
nous mettre en peine de tenir des conciles provinciaux.
Rothade 8c ceux qui l’accompagnoient s'étant Ann* Bert» 8 <»4.'
avancez vers l’Italie , l’empereur Louis, qui favo-
rifoit fon frere Lothaire contre le roi Charles, leur
refufa lepaffage. Ainfi les députez de Charles 8c des
Tome XI. M