
A n . 879.
17. Nov.
4 7 0 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tai malgré moi, répandant beaucoup de larmes, après
m’en être long-temps défendu , & par une violence
inéyitable de l’empereur, quiregnoit alors : mais du
confentement des évêques & du clergé, qui avoient
donné leurs foufcriptions, à mon infçû. On me donna
des gardes. Ici le concile l’interrompit pour dire :
Nous le fçavons tous, ou par nous-mêmes, ou pour
l’avoir appris de ceux qui en furent témoins. Photius
continua : Dieu a permis que je fufle chaffé. Je ne me
fuis point efforcé de rentrer , je n’ai point excité de
feditions. Je fuis demeuré en repos, remerciant Dieu,
& fournis à fes jugemens : fans importuner les oreilles
de 1 'empereur, fans defir, ni efpérance d’être rétabli.
Dieu qui opere les miracles a touché le coeur de l’empereur,
non à caufe de m oi, mais à caufe de fon peuple
: il m’a rappellé de mon exil. Mais tant qu’Ignacc
d’heureufe mémoire a vécu, je n’ai pû me réfoudre à
reprendre mon iîége : nonobftant les exhortations &
les violences que plufieurs me faifoient pour ce fujet ;
& ce qui me touchoit le plus, nonobftant l’exil & la
perfecution que fouffroient nos confrères. Le concile
dit: C ’eft la vérité. Photius continua: Au contraire ,
j’ai voulu affermir la paix avec Ignace en toutes manières:
nous nous vîmes dans le palais, nous nous jet-
tâmesaux pieds l’un de l’autre, & nous nous pardonnâmes
mutuellement. Etant tombé malade, il m’ap-
pella, je le vifitai plufieurs fois, & lui donnai toutes
les confolations, dont je fus capable. Il me recommanda
les perfonnes qui lui étoient les plus cheres,
& j’en ai pris foin. Après fa mort, l’empereur me
fonda premièrement en fecret, puis me commu-
L l V R E C I N QUA N T E-T R O I S I E’M E . 4 7 1
hiqua fon deffein publiquement par fes patrices ; me
reprefentant le defir du clergé, & le confentement
des évêques, que je n’aurois plus de prétexte de m’y
oppofer. Enfin, il me fit l’honneur de me venir trouver
lui-même. J ’ai cédé â un changement fi miraculeux,
pour ne pas refifter à Dieu. Le concile dit : Il
eft ainfi.
Le cardinal Pierre dit: Vous fçavez que l’églife
Romaine a rétabli Flavien de C. P. Jean Chryfofto-
me , Cyrille de Jerufalem, &Polycronius chaffezde
leurs fiéges ; & faint Grégoire le dialogue, après avoir
perfecuté l’évêque de Dalmatie, fur une calomnie,
le remit dans fon fiége. Pierre veut parler apparemment
de l’affaire de faint Grégoire, avec Maxime de
Salone. Il continue: Le pape Nicolas aïant dépofé
Zacarie, le pape Adrien lui rendit fon fiége ; & le
pape d’aprefent l’a fait bibliothécaire. Il n’eft donc
pas inférieur au pape Adrien ou au pape Nicolas ,
pour ufer de difpenfe , quand elle eft utile à l’égüfe.
Il ajouta plufieurs proteftations publiques de l’amicié
du pape envers Photius ; & le concile y joignit fes
acclamations.
Les légats du pape demandèrent la leéture des lettres
des patriarches d’Orient, le concile l’accorda,
& on lut premièrement celle de Michel patriarche
d’Alexandrie à l’empereur apportée par le prêtre
Cofme. Elle contient de grandes louanges de l’empereur,
& fait auffi l’éloge de Cofme , que l’empereur
avoit envoïé à Alexandrie, 5i que le patriarche
Michel lui avoit renvoie. Au contraire cette
lettre porte de terribles malediélions contre Jofeph,
A n . 875».
17. Noy.
Bevereg. p. 75Ȉ Th
Sup, /. xxvi. ». 8.
MS.
XV.
Lettres des
Orientaux.