
5*6 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
*» 1 ~ Nonobftant ce qu’Hincmar ditici en faveur d’Ac- !
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' ' ' tard, une lettre qu’il écrivit depuis, montre qu’il
S i n’approuvoit pas fa tranflation. Un évêque l’avoit
confulté fur ce fu jet, & il lui répond : Que les évêques
étant établis, non pour jouir des honneurs & des revenus
attachez à leur dignité, mais pour travailler au
falut des ames ; aucun motif d’ambirion ni d’intérêt
ne doit les faire palier d’une ville à l’autre. Venant
t -7W- au fait particulier il dit : Qu’Aétard ne devoit point
quitter Nantes, s’il pouvoir y demeurer, ni être élû
pour le iiége de T ours, li on pouvoir trouver un autre
fujet auifi digne de le remplir : mais qu’il eft absolument
contre les canons de garder eniemble l’une
& l’autre églife.
Pour montrer qu’il peut demeurer à Nantes, il
dit, que c’eft une ville où reiîde un comte, habitée
par des clercs & des laïques nobles &c non nobles
, & que dans le diocéfe il y a des laboureurs &
P-769. même des Juifs. Or, ajoûte-t’i l, un évêque qui n’a
ni femme nienfans, peut bien vivre dans une ville
où demeure un comte, homme feculier &c marié, quoiqu’il
y demeure entre les païens. D'autant plus , que
cet évêque a d’autres terres & des abbaïes par la li-
f-7î<- beralité du roi. Ainfî quand il dit qu’à Nantes il y a
des ecclefiaftiques fuffifans, pour aflifter le peuple ,
mais qu’il n’a pas de quoi y foutenir fa dignité : ce
n’eft que la cupidité qui le fait parler. Et que fçait-il
il entre ces païens, qui y demeurent, il n’y a point
plufieurs prédeftinez , qui pourroient être convertis
par fes inftruétions ? Il devroit au moins demeurer ,
jpn païant tribut aux infidèles , comme le patriarche
L i v r e ClNQUANTE-DEUXIE'MEi' 3 J 7
de Jerufalem, &c comme les Chrétiens de Cordouë ~ '
& des autres villes d’Efpagne. Cette lettre fait ju- 87I *.
g e r, que quand Hincmar écrivoic en faveur d’Ac-
tard, ce n’étoit pas de fon mouvement, mais par
ordre du roi.
Cependant l’empereur Bafile & le patfiarche Igna- J( p
c e , écrivirent au pape Adrien par l’abbé Theognofte, au pape,
qui retournoit à Rome. Le patriarche confultoit le t.,^ô.’ * c°”‘'
pape fur les ledeurs ordonnez par Phorius, qui étoient
en très-grand nombre dans tous les lieux de la dépendance
de C. P. pour fçavoir s’ils pouvoient être promus
aux ordres fuperieurs. Ildemandoit encore dif- suf.Vrv.xti.»s
penfe pour Paul garde-chartes de l’églifede C .P . que J0’ '
Photius avoit ordonné archevêque, & à qui le pape
avoit permis de conférer toute autre dignité, hors le
facerdoce. Ignace demandoit, qu’il fût rétabli dans
l ’épifcopat. Enfin il demandoit grâce pourTheodore
métropolitain de Carie. C’eftmoi, difoit Ignace, qui
l’ai ordonné : & il a beaucoup fouffert pour moi. Il
eft vrai qu’il a cédé enfin à la perfecution de Photius,
mais il s’en eft repenti, & a demandé pardon. Vos
légats l’ont interdit des fondions du facerdoce, parce
qu’il avoit foufcrit .à la dépofition du pape Nicolas.
Nous vous prions d’ufer , s’il eft polfible , de difpenfe
fur ces trois articles.
L’empereur demandoit au pape la même grâce ;
& témoignoit être en peine des légats, qui avoient
préfidé au-concile , n’aïant point eu de nouvelles de
leur retour. Ces deux lettres étoient accompagnées
de prefens. Ceux de l’empereur font des étofes, dont
les noms nous font inconnus : ceux du patriarche un
Y y iij