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A n. 871.
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348 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
plaintes, parjure-, fédition,ufurpationviolente,aliénation
des biens d’églife , calomnie, défobéiffance
au roi , refiitanceà main armée, intelligence avec les
rebelles. En cet écrit, ces paroles me paroiffoient remarquables
: Notre frere Hincmar ne pouvant obtenir
par lui-même juftice du r o i , devoir le pourfuivre
premièrement dans le concile de fa province, n’aïant
point de tribunal feculier où il pût le faire appeller :
que fi les parties étant prefent.es, nous ne ppuvions
terminer l'affaire par notre jugement : nous lui aurions
donné nos lettres, pour en porter la connoif-
fance au faint fiége. Il faut fe fouvenir que cet écrit
fe lifoit devant le roi.
Cependant Hincmar de Laon étant arrivé à Dou-
z i, fut cité juridiquement par trois fois, pour fe.pre-
fenter au concile ; oüir les ordres du pape & répondre
aux plaintes formées contre lui. Hincmar de
Laon prefenta un grand mémoire pour le concile, &
di t, qu’il appelloit au faint fiége. Mais les députez
lui dirent : Venez vous défendre, enfuite vous pour-
fuivrez votre appel, s’il eft neceffaire. Au reite ne
craignez point, il ne vous fera fait aucun préjudice ,
par la confideration d’aucune perfonne. Chacune de
çes citations fe faifoit par un évêqUe, un prêtre & un
diacre de la province de Reims.
On cita aulfi un curé de campagne nommé Hai-r
merade, que l’évêque de Laon avoit avec lui ; & au
nom duquel il avoit prefenté un mémoire au concile
d’Attigni. Ce prêtre ne fe prefenta point à
D ou z i, mais Hincmar de Laon obéit enfin àlatroi-
fiéme citation , & comparut au concile. Quand il y
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fut , le roi Charles prefenta encore fa plainte, qui A ^
aïant été lûë en fa prefence, lui fut donnée par
Odon de-Beauvais pour l’examiner; & on lui accorda
du temps pour y répondre. Odon lut auffi devant lui
une lettre du pape Adrien , par laquelle il lui faifoit
des reproches de n’être pas venu à Rome fuivant fa
promeffe, & lui ordonnoit d’être fournis à fon métropolitain.
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Le lendemain Hincmar de Laon fut cité de nou- c. 33
veau , pour répondre à la plainte du roi & proposer
fes défenfes le famedi luivant ; & ce terme étant
échu, on le cita encore une f ois, lui déclarant,
qu’on ne recevroit point fes mémoires , jufques à ce
qu’il fe fût défendu lui - même. Le quatorzième
d’Août Hincmar de Laon étant venu au concile, matdeuon,
pour la fécondé fois, Hincmar de Reims lui ordon- c-4’
na de répondre à la plainte du roi. L eveque de Laon
propofa une exception en difant : Je fuisdépoiiillé de
tous mes biens, c’eft pourquoi je ne répondrai point
en ce concile. Et il tira de fon fein des cahiers , où
il commença à lire des paffages touchant les appellations
des évêques. Le concile lui dit : Repondez
à ce qu’on vous objefte ; & enfuite vous pourrez ,
s’il eft befoin, appeller au faint fiége, ou aller a Rome
volontairement avec la permiifion du roi. Hincmar
de Laon répondit : Je fuis dépoiiillé de tous mes
biens, je ne répondrai rien à ce qu’on m’objede.
Le concile lui ordonna de dire les perfonnes qui l’a-
voient dépoiiillé -, & il répondit : Ces clercs le fça-
v e n t , montrant des prêtres &c des diacres de Laon ,
qui l’açcompagnoient, Lç concile dit ; Vous pouvez
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