
1 3 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,'
■----- " ver leur rang. La lettre eft datée du dixième de Juin
%°9" indiction féconde , qui eft l’an 867.
Les Légats étant arrivez à Theflalonique , y fu-
V itaH a d r • . . n , r * . ■' rent complimentez par Eultache ipataire ou ecuyer,
que l’empereur Baille avoit envoyé au-devant d’eux.
Il les accompagna jufques à Selimbrie ou Selivrée ,
à cinquante milles , c’eft-à-dire, feize lieues de C. P.
011 ils furent reçus par Sifinnius Protolpataire , &
par l'abbé Theognofte , qui avoit été à Rome de la
part d’Ignace. On donna aux légats quarante chevaux.
de l'écurie impériale , un feryiçe entier de vaif-
fejle d’argent pour leur table , & des officiers pour
les fervir. Ils arrivèrent ainfi au château-rond , ou
Strongile aux portes de C. P. & y furent logez à
une églifè magnifique » dédiée à fàint Jean l’évan-
gelifje. G’étoit le làmedy vingt-qüatriéme de Septembre.
Le lendemain dimanche , ils firent ainii
leur entrée à C. P. On leur donna de la part de
l’empereur à chacun un cheval, avec là Telle dorée ,
8c toutes les-écoles ou compagnies des officiers du palais
vinrent au-devant jufques.à la porte de la ville,
avec tout le clergé en chafubles. De-là ils commencèrent
à marcher , precedez par Paul garde livres ,
Jofèph garde des vafes fàcrez , Bafile fàcellaire ou
tréfbrier , revêtus de leurs habits eccléfiaftiques, avec
• tous les fyncelles du patriarche. Les Légats étoient
iuivis de tout le peuple avec des cierges & des flambeaux.
Ils allèrent defcendre au palais d’Irene, & y
furent reçûs par le fecreta re Jean & l’écuyer Strate-
gius , qui les prièrent de la part de l’empereur , de
ne pas trouver mauvais, s’il ne leur donnoit pas audiançç
L i v r e c i n q u a n t e -u n i e ’ m e ; 1 3 3
dience le lendemain, qui étoit le jour de fa naif- g^
fànce.
Cette fête étant paffée, l’empereur envoya au-
devant d’eux toutes les compagnies du palais, &c
leur donna audience dans la falie dorée. Si-tôt qu’ils
parurent il fe leva , prit de fa main les lettres du
pape , qu’ils lui prefenterent, 8c qu’il baifa. Il leur
demanda des nouvelles de l’églife Romaine , de la
fancé du pape Adrien, du clergé & du fenat, puis
il baifa 1 es légats, &c les envoya porter au patriarche
lalet tredupape. Le lendemain ils revinrent trouver
l ’empereur, qui leur dit : L’églife de C. P. divifée
par l’ambition de Photius , a déjà reçu du fecours
de la vôtre,par les foins du pape Nicolas. Nous attendons
depuis deux ans, avec tous les patriarches d’O-
rient, les métropolitains & les évêques, le jugement
de l’églife Romaine notre mere, c’eft pourquoi nous
vous prions de vous appliquer fortement à rétablir
ici l’union & la tranquillité. Les légats du pape répondirent
, c’eft le iujet de notre voyage ; mais nous
ne pouvons recevoir à notre concile aucun de vos
Orientaux, qu’il ne nous ait fatisfait, en nous donnant
un libelle, fuivant la forme que nous avons
tirée des archives du faint fiége. L’empereur & le patriarche
dirent : ce que vous dites de ce libelle qu’il
faut donner nous eft nouveau; c’eft pourquoi nous
voulons en voir la formule. On la montra auffi-tôt,
& l’ayant traduite de Latin en Grec , on la fit voir
à tout le monde. :
Enfuite , le jour étant pris pour la tenue du con- H“ititmeconc.
cile, la première aétion oufeffion fut tenue le mer- ion.
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