
$6 + H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
hiftoire, tout ce qui ma paru important dans celle de
Pierre de Sicile, &c il eft l’unique qui nous apprenne
la liaiion des anciens & des nouveaux Manichéens
donc nous verrons l’importance.
Chryfocheris chef des Manichéens d'’Arménie ,
étoit en grande réputation de valeur & de prudence ;
& incommodoit fort les Romains, par les courfes
qu’il faiioit fur leurs terres &: les captifs qu’il prenoit.
C ’eft pourquoi l’empereur Baiile lui fie la guerre dès
le.commencement de fon regne, & l’obligea à fe
renfermer dans Tephrique fa capitale : mais le liège
tirant çn longueur, l’empereur fut contraint de fe
retirer , faute de vivres. En un autre campagne, il
brûla Argaouth & quelques autres places des Manichéens
; & écant de retour à C. P. il pria Dieu , par
l’interceilion de faint Michel & de faint Elie, de ne
le point retirer du monde, qu’il n’eût enfoncé trois,
flèches dans la tête de Chryfocheris. En effet l’année
fuivante , une partie de fes troupes attaqua les Manichéens*
en criant : La croix a vaincu. Ils furent
défaits & Chryfocheris tué en fuïant. On envoïa fa
tête à l’empereur , qui acquitta facilement fon voeu ,
en tirant trois flèches dedans. Les Manichéens demeurèrent
affaiblis par cette v id o ire , mais non pas
ruinez.
Vers le même-temps, c’eft-à dire, fous l’empereur
Baiile & le patriarche Ignace, arriva la converfiorr
des Ruifes : cette nation fi farouche &c fi impie , qui
avoir commencé à parpître fous le regne précèdent,
Baiile les attira par des prefens d’or, d’argent & de-,
tpfes defoïe:pour traiter ayeç eux, faire la paiaf &
L i v r e ç i n q u a n t e - d e u x i e ’m e . 3
leur permettre de fe faire bapcifer, & recevoir un archevêque
ordonné par le patriarche Ignace. Quand il
fut arrivé chez eux, on dit qu’il s’acquit de l’autorité
par ce miracle. Le prince des Ruifes aïant affemblé la
nation, & étant aflïs avec les vieillards qui compo-
foient fon confeil & qui étoient les plus attachez à
leur ancienne fuperftition 5 ils déliberoient s’ils dévoient
la quitter pour la religion Chrétienne. Ils firent
venir l’archevêque, & lui demandèrent ce qu’il
venoit leur enfeigner. Il leur montra le livre de le -
vangile, & leur raconta quelques-uns des miracles de
Jefus-Chrift, & quelques-uns aufli de l’ancien tefta-
ment. Les Ruifes dirent : Si nous ne voïons quelque
merveille femblable, & principalement comme celle
que tu nous as dite des trois enfans dans la fournaife,
nous ne t’écouterons pas volontiers. L ’archevêque
répondit : Quoiqu’il ne foit pas permis de tenter
Dieu, toutefois iî vous êtes entièrement refolus de
vous approcher de lui ; demandez ce que vous voudrez,
& aifurément il fe fera , en coniideration de
votre foi ; quoique nous en foïons indignes. Ils
demandèrent, que ce livre même qu’il tenoit fût
jetté dans un feu, qu’ils auraient allumé ; & promirent
, que s’il n’étoit point brûlé, ils croiraient.
L ’archevêqUe leva les yeux & les mains au ciel, &:
dit : Seigneur Jefus, glorifiez votre faint no m , enpre-
fence de tout ce peuple. On jetta dans une fournaife
ardente de livre de; levangile, & après qu’il y eut
demeuré pluiieurs heures, on éteignit le feu & on
trouva le livre en fon entier, fans que'les bords mê-
jnes, ni les fermoirs fuifent gâcez. Les barbares éton